[Entretien] Axel Thévenet : Open Source et Souveraineté, enjeux et Perspectives au FOSDEM
S01:E13

[Entretien] Axel Thévenet : Open Source et Souveraineté, enjeux et Perspectives au FOSDEM

Episode description

Dans cet épisode enregistré au FOSDEM 2025 à Bruxelles, nous échangeons avec Axel Thévenet sur les enjeux de l’Open Source en Europe, entre cadre législatif, souveraineté numérique et adoption par le secteur public, avec une attention particulière aux enseignements du FOSDEM et à l’évolution du logiciel libre dans l’industrie et l’administration.

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[Générique] L’informatique doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit s’opérer dans le cadre de la coopération internationale. Elle ne doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques.

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[Benjamin] Bonjour et bienvenue dans RdGP, le podcast sérieux qui vous emmène au cœur des enjeux des droits du numérique, des libertés individuelles et de la vie privée.

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[Benjamin] Avec un ton accessible, engagé mais bienveillant, nous essayons de démystifier ces risques et ces dangers qui envahissent nos quotidiens.

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[Benjamin] Aujourd'hui j'enregistre sans aéris un épisode un peu spécial puisque je suis à Bruxelles pour le FOSDEM et j'ai la chance de recevoir Axel Thévenet.

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[Benjamin] Bonjour Axel !

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[Axel] Bonjour !

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[Benjamin] Donc on est actuellement au FOSDEM 2025 à Bruxelles, un événement incontournable pour les passionnés de technologie et d'open source

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[Benjamin] T'es ici pour animer plusieurs discussions et donner plusieurs talks. Déjà, est-ce que tu peux te présenter en deux mots et nous dire qui tu es et pourquoi est-ce que tu viens au FOSDEM ?

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[Axel] Absolument ouais, donc du coup

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[Axel] Je m'appelle Axel, je suis Policy Advisor, comme on dit en anglais, donc conseiller politique dans une organisation qui s'appelle OpenForum Europe, mais aujourd'hui je suis là en propre nom, donc tout ce que je dirais ne représentera que mon avis.

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[Axel] Mais du coup, moi je travaille depuis maintenant bientôt trois ans sur les politiques numériques liées à l'open source

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[Axel] niveau de l'UE.

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[Axel] Je travaille notamment et je me spécialise particulièrement sur le sujet de l'utilisation du logiciel libre dans les administrations publiques européennes et dans le secteur public européen en général.

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[Axel] Et aujourd'hui à FOSDEM, en fait, on est venu présenter un peu notre travail,

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[Axel] mais aussi essayer d'inviter des gens intéressants pour

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[Axel] essayez de présenter ces problématiques-là qui sont parfois un peu lointaines auprès des gens de l'open source.

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[Axel] Tout ce qui est politique, ce n'est pas forcément évident

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[Axel] et donc d'essayer de faire de la pédagogie, mais pas de la pédagogie que envers la communauté de l'open source, mais aussi envers les législateurs pour qu'eux viennent voir à quoi ça ressemble.

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[Benjamin] Il y a une part de prosélytisme dans cette démarche.

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[Axel] Absolument, nous on est très clair sur le fait qu'on essaie de faire en sorte que

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[Axel] l'Union Européenne soutienne l'open source et en face en fait quelque chose qui en reconnaisse la valeur et puis qui réussisse à

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[Axel] à ne pas seulement l'utiliser, mais aussi en être acteur.

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[Axel] Et notamment au niveau du secteur public, le gros challenge c'est de dire

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[Axel] Il faut que les gens en aient conscience que ça existe mais aussi que

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[Axel] les administrations publiques peuvent être

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[Axel] actrices de l'utilisation de l'open source et pas juste l'utiliser mais aussi aider à le développer, le financer,

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[Axel] comprendre l'intérêt des communautés etc.

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[Axel] Voilà.

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[Benjamin] Ok. Juste en t'écoutant, je me posais une question. Comment est-ce que tu en es arrivé là en une minute ton parcours ? Qu'est-ce qui fait que tu es arrivé à ce poste là et à soutenir l'open source pour l'Union européenne ?

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[Axel] Ben moi j'étais un gamin qui aimait beaucoup d'informatique et je voulais très fort être avocat de l'informatique, étant petit.

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[Axel] Et en fait je me suis retrouvé un peu par hasard entre une licence de droit, un peu de science politique, etc.

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[Axel] à faire un stage au Parlement européen pour le Parti Pirate.

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[Axel] Alors quand je dis par hasard, c'est pas vraiment par hasard, mais on s'entend.

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[Axel] et forcément ça m'a beaucoup ouvert sur la question des libertés informatiques et la question de logiciel libre.

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[Axel] Et donc après ça, j'ai réussi à trouver un poste dans cette organisation que

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[Axel] pour laquelle je travaille toujours, qui elle existe depuis 20 ans et travaille sur ces questions là depuis longtemps.

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[Benjamin] Ok.

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[Benjamin] Effectivement ça a du sens comme on dit outre-Atlantique, ça fait sens même. Et donc je crois que tu animais la dev room, ce qu'on appelle ici une dev room c'est une pièce où des gens se réunissent pour suivre des conférences sur une thématique particulière. Et j'ai cru comprendre que tu animais la dev room "Open Source in the European Legislative Landscape and Beyond".

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[Benjamin] Est-ce que tu peux traduire en français mon superbe accent et nous expliquer un peu de quoi il retourne ?

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[Axel] Le titre est un peu pompeux, on va pas se mentir mais je l'aime bien.

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[Axel] FOSDEM, c'est une conférence qui existe depuis longtemps, qui parle pas forcément de politique publique ou de loi

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[Axel] et nous on a voulu, ça fait deux ans maintenant, créer une dev room qui s'occupait vraiment de la question de

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[Axel] du mot anglais "Policy" mais qui se traduit pas vraiment très bien en français mais qui veut dire en fait le débat politique

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[Axel] et pas seulement,

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[Axel] les lois.

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[Axel] Et donc on parle du coup du débat politique et des lois sur l'open source en Europe et au-delà.

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[Axel] aujourd'hui et donc on est plusieurs organisations à travailler là dessus. Moi j'ai co-organisé un blog de deux heures.

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[Axel] qui travaillent à la Commission Européenne dans leur Open Source Program Office, donc dans leur OSPO,

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[Axel] en français

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[Axel] un bureau de l'open source disons, je ne suis pas sûr qu'il y ait une vraie traduction française encore.

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[Axel] Et vraiment l'objectif c'est de ramener à FOSDEM ces questions là qui en fait sont abordées ailleurs mais on ne sont pas abordées au coeur d'un des

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[Axel] d'une des plus grosses conférences de logiciels libres et d'open source en Europe. Donc c'est un peu ça l'idée.

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[Benjamin] Mais concrètement, c'est quoi votre objectif ? Quel résultat concret vous espérez atteindre ?

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[Axel] Ét bien en faisant ça, on essaye d'amener des gens à s'intéresser à la question de la politique européenne là-dessus.

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[Axel] Parce que bien souvent les gens, on voit ça de très loin et c'est vrai, la politique en peine, ça reste quelque chose qui n'est pas du tout ouvert en fait à la plus grande partie de la population. Et donc l'idée c'est quand même de ramener des

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[Axel] des gens de la Commission Européenne ici.

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[Axel] les faire venir, des gens du Parlement Européen ici dans la salle. Et là par exemple nous pour notre

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[Axel] la première heure on a réussi à avoir une assistante parlementaire d'une parlementaire allemande qui est venue discuter avec l'audience

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[Axel] de qu'est-ce qui se passe en ce moment, de quelles sont les priorités du nouveau mandat. Et en fait, c'est de faire comprendre à la fois à cette communauté open source les intérêts de s'intéresser à ces sujets-là.

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[Axel] pour en parler auprès de leurs représentants chez eux, dans leurs états membres, mais aussi

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[Axel] pour ces politiques là qui viennent nous voir.

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[Axel] de leur montrer qu'en fait il y a des gens qui sont prêts à travailler pour faire changer les choses et qui sont capables en fait d'avoir de l'expertise technique nécessaire, etc.

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[Axel] Et il y a eu beaucoup beaucoup de lois numériques dans le dernier mandat.

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[Axel] Maintenant il y a un vrai

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[Axel] problème, une vraie question de comment on implément de ces régulations là.

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[Axel] Donc il faut qu'il y ait une connexion entre ces deux mondes-là où ce ne soit pas seulement les très grandes entreprises, la Big Tech qui viennent venir dire leur expertise technique et qui viennent imposer peut-être leurs standards, leurs manières de faire, etc.

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[Benjamin] Une parenthèse, ces débats ont été filmés ?

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[Axel] et il y en a d'autres aussi en legal and policy.

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[Axel] Il y a un peu de tout cette année, vraiment c'est très cool à voir.

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[Benjamin] On mettra dans les show notes les liens vers tous les talks de ta dev room.

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[Benjamin] Alors il est peut-être un peu tôt, mais quels enseignements tu tires de cette Dev Room ? Est-ce qu'il y a déjà des bénéfices visibles ou des contacts ont été noués ? C'est quoi ton ressenti un peu à chaud ?

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[Axel] Moi je suis content parce que c'est bien passé, parce que c'est pas facile, parce que pour nous c'est une grosse semaine, on organise beaucoup d'événements en une semaine, vu que c'est un peu le moment où il y a tout le monde qui est à Bruxelles.

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[Axel] tous les grands acteurs de l'open source européen se rassemblent à Bruxelles pour FOSDEM et donc il y a tout un tas d'événements organisés autour.

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[Axel] Et donc de réussir à les faire venir même le dimanche matin à 9 heures du matin pour venir discuter politique européenne, c'est un peu un défi.

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[Axel] C'est peut-être un peu mauvais mais il y avait une file d'attente devant notre devant notre room de 40 personnes pendant des heures et des heures parce que les gens voulaient venir écouter et qu'en fait on n'avait juste pas assez de place.

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[Axel] Le grand succès je pense de ce genre d'initiative, et on n'est pas laissé faire mais

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[Axel] je pense qu'on partage, c'est de réussir à avoir des gens qui ne peuvent pas d'habitude donner leur avis

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[Axel] sur les politiques européennes et sur ce genre de débat-là

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[Axel] être au même niveau que tout le monde parce que on n'avantage personne, qu'on laisse rentrer n'importe qui et que tout le monde fait la queue comme tout le monde même si ils nous connaissent très bien.

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[Axel] Et que du coup, quand il y a des discussions, et nous on ouvre la discussion le plus possible, on laisse des Q&A, des

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[Axel] des questions-réponses.

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[Axel] En fait tout le monde peut s'exprimer et ça permet aussi un certain apprentissage de la

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[Axel] la discussion sur ces sujets-là en termes politiques où il faut en fait aussi se mesurer un peu et apprendre à

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[Axel] à se dire en fait là en face pour une fois j'ai quelqu'un qui veut venir nous entendre tous ces gens qui d'habitude n'écoutent pas forcément en fait les développeurs ou quoi ils viennent là pour une fois et donc du coup on voit des développeurs discuter avec des politiques et c'est un peu cool quand même.

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[Benjamin] On n'a pas fait de présentation pointue du FOSDEM, mais ça fait 25 ans l'anniversaire aujourd'hui.

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[Benjamin] C'est un événement qui est incroyable, enfin personnellement moi je le trouve incroyable parce que il y a un nombre de conférences incroyables. Le programme est ultra dense.

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[Benjamin] il y a des dizaines et des dizaines de conférences simultanées et néanmoins et ben c'est très très souvent plein je crois que c'est 6000 visiteurs

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[Axel] Ouais, à peu près. Plus ou moins, il y a des années plus que d'autres mais

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[Axel] C'est impressionnant, c'est sur un campus à Bruxelles, donc du coup qui est plein à craquer un dimanche.

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[Axel] Et il y a rarement des occasions de voir autant de développeurs à un même endroit, surtout ici.

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[Benjamin] et de développeurs tous animés par une espèce de passion et d'amour de l'open source et du logiciel libre.

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[Axel] et même au-delà de la passion, parce que c'est un peu un truc où on essaie de faire changer ce discours, où les développeurs d'open source, c'est pas que des passionnés, en fait c'est des gens qui bossent, et c'est une industrie, et c'est un truc

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[Axel] qui va au-delà de le petit développeur qui maintient son projet de son côté.

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[Axel] où en fait c'est aussi toute une industrie et tout un enjeu au-delà de l'enjeu purement de l'idée du logiciel libre.

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[Axel] qui est l'enjeu de comment on rend sa pérenne, comment la société réussit à l'intégrer correctement et à l'utiliser et à

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[Axel] et pas seulement l'utiliser mais aussi en être acteur et donc

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[Axel] C'est assez génial de voir ça, de voir aussi bien, on a du hardware, on a tous les stands Arduino, on a des gens qui font des démonstrations dehors dans l'herbe de projets, et ça c'est un peu marrant à aller regarder quand même.

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[Benjamin] D'ailleurs pour la précision, l'anecdote, on enregistre dehors parce qu'il y a tellement de monde partout au FOSDEM que le seul endroit à peu près calme qu'on ait trouvé il est dehors.

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[Benjamin] Je crois que tu as animé aussi un truc qui s'appelle le "Public Sector Open Source Fishbowl".

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[Axel] Ouais.

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[Benjamin] Des noms de plus en plus compliqués – D'ailleurs souvent les noms des conférences sont assez obscurs pour le profane – qui est une session interactive je crois ?

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[Benjamin] Tu peux nous en dire deux mots et dire ce que

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[Benjamin] Quel était l'objectif ? Est-ce que les gens ont pu en retirer ?

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[Axel] Oui, absolument. C'est un peu ce qu'on essaie de faire sur toutes les sections de cette journée dans notre dev room à nous.

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[Axel] on essaie d'avoir des présentations.

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[Axel] et ensuite de récupérer le nombre de présentations et de les mettre face au public en fait et de leur dire bah non mais vous êtes là maintenant on discute

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[Axel] Donc nous on essaie de poser une question ou deux histoire d'ouvrir le sujet mais après c'est l'audience qui va venir questionner ce qui se passe etc

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[Axel] le temps d'être sûr que les gens allaient pouvoir parler aujourd'hui parce que c'est des gens qui travaillent, enfin qui voyagent un peu partout, on n'était pas sûrs de pouvoir avoir les visas pour certains, du coup on s'est retrouvé à en faire deux et donc ces deux discussions là on en a eu une première qui portait vachement sur la question de

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[Axel] qu'est-ce qui se passe dans le secteur public en Europe et de quels sont les futurs de l'investissement en fait ?

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[Axel] pour en faire une réalité qui va perdurer.

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[Axel] avec des grands débats en ce moment au niveau européen sur la question de ce qu'ils appelleraient le EuroStack.

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[Axel] qui serait un peu une réponse à l'India Stack.

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[Axel] qui serait donc en fait un stack technologique souverain, européen, avec l'idée de comment on met de l'argent pour développer ça.

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[Axel] Et donc là on avait du coup cette assistante parlementaire, Anja Wyrobek, qui travaille à Birgit Sippel.

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[Axel] qui est venu discuter avec nous de ça, Vittorio Bertola qui est un acteur majeur de l'écosystème open source et Alexander Smolianitski qui travaille avec l'administration allemande sur l'un des meilleurs projets en open source public du moment donc dans un

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[Axel] dans le centre pour la souveraineté allemande qui s'appelle ZenDIS.

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[Axel] et qui développe un projet en collaboration avec la France, enfin des choses super intéressantes et avec une deuxième discussion plus sur le côté international, du côté des initiatives des Nations Unies avec des gens qui viennent de la Digital Public Goods Alliance, donc de l'Alliance pour les biens communs numériques.

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[Axel] disons comme ça. Et là c'était beaucoup plus une question sur les notions de bien commun numérique, les notions de commun numérique tout court d'ailleurs, c'est deux choses qui évoluent en parallèle et sur en fait comment ces notions là peuvent se retrouver.

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[Axel] mais aussi comme elle se retrouve dans un contexte européen, où on n'a pas forcément pris en main autant ces enjeux-là ou ces concepts-là, et il y a des vrais enjeux de définition parce qu'il y a du financement.

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[Axel] et parce qu'il y a des questions de qu'est-ce qu'on va financer, qu'est-ce qu'on va faire, sur quoi on va se mettre d'accord au niveau international avec d'autres pays.

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[Benjamin] Tu peux nous parler de l'OSOR Handbook en Open Source Software and Public Administration ?

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[Axel] Alors je vais être terrible parce que je vais reprendre la prononciation. Mais on va parler de OSOR. Même à

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[Axel] en vrai c'est un peu un nom barbare mais on l'aime bien. OSOR c'est le

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[Axel] l'observatoire de l'open source de la Commission européenne. Et ça c'est un projet pour lequel on travaille avec mon organisation. Donc on a remporté le contrat pour maintenir ce truc-là.

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[Axel] Et donc aujourd'hui je suis aussi venu représenter, mettre ma casquette de ce projet-là pour la commission parce que

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[Axel] on fait aussi une mission de pédagogie. Donc l'observatoire de l'open source.

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[Axel] OSOR, ça existe depuis 15 ans maintenant 16 et c'est une plateforme qui a été mise en place par la Commission Européenne pour

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[Axel] comprendre comment les administrations publiques utilisent l'open source en Europe.

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[Axel] et essayer de soutenir aussi un peu ce truc-là en en parlant, en faisant de la recherche dessus, en faisant des études.

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[Axel] Et donc il y a des dizaines et des dizaines de papiers, de recherches, de rapports sur l'état, de l'usage de l'open source dans les pays européens mais aussi dans les pays non européens. Il y a des articles de news qui sortent tous les mois, on publie une newsletter tous les mois aussi.

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[Axel] et cette année, en tout cas depuis deux trois ans, on a travaillé sur un nouveau projet qui était de faire une sorte de guide.

15:27

[Axel] Donc c'est un guide pour les administrations publiques, pour essayer d'encourager l'utilisation du dossier à libre.

15:33

[Axel] Parce que quand on est une administration publique qui veut utiliser du logiciel libre, ou quand on est quelqu'un dans une administration publique qui veut en utiliser

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[Axel] Il y a dix mille obstacles.

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[Axel] les connaît un peu, mais ils changent aussi en fonction des contextes et des époques.

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[Axel] Et donc il existe beaucoup de ressources pour commencer à essayer de

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[Axel] de passer au-delà de ces obstacles-là, mais elles ne sont pas forcément agrégées en un endroit, donc on essaie un peu de trouver une manière de

15:58

[Axel] de partager ces connaissances-là, etc. Et on a fait ça à travers une grande consultation publique, avec plein d'événements, soit avec des experts, des événements fermés, soit ouvert au public en mode webinar.

16:11

[Axel] Et maintenant, là cette année, après avoir sorti une première version de ce guide, de ce OSOR Handbook

16:17

[Axel] On a ouvert un

16:20

[Axel] On a fait une consultation qui a duré un mois, on a eu beaucoup de retours et on a tenu un dernier atelier en ligne pour discuter parce qu'on a une communauté d'experts, de gens qui travaillent autour de ces questions-là mais aussi juste

16:43

[Axel] ça faudrait le dire différemment, ça on n'est pas d'accord et en fait qu'ils discutent aussi entre eux.

16:48

[Axel] et donc grâce à ça on essaye, on espère, faire un produit utile en fait, un outil même utile pour les gens.

16:57

[Axel] Bon après, on ne sauvera pas le monde, mais on est quand même là pour essayer.

17:00

[Benjamin] Peut-être quand même. Peut-être quand même parce que l'impact de l'open source et les perspectives européennes

17:08

[Benjamin] On parle beaucoup d'open source comme levier pour la transparence et la collaboration dans le secteur public.

17:13

[Benjamin] On en parle aussi énormément comme outil pour la souveraineté numérique et en particulier face au contexte géopolitique actuel.

17:21

[Benjamin] qui est quand même assez nouveau et

17:25

[Benjamin] qui était largement imprévisible il n'y a pas si longtemps que ça.

17:31

[Benjamin] À ton avis, en quoi ces initiatives contribuent réellement à renforcer 1. la confiance des citoyens dans leurs institutions et 2. la souveraineté numérique des citoyens et des institutions européennes.

17:42

[Benjamin] dans un contexte mondial.

17:45

[Axel] Alors là, du coup, je vais séparer ma réponse en deux, parce que vraiment Ouais, c'est ça, parce que du coup, c'est un truc sur lequel nous, on a travaillé aussi pour Osor, et que moi, sur lequel j'ai beaucoup bossé.

17:56

[Axel] sur la question de pourquoi les états européens adoptent des outils open source.

18:02

[Axel] C'est quoi les justifications politiques qui sont mises en avant ? Est-ce qu'il y a des réels effets ? Et donc sur la question de la transparence et de la confiance des citoyens

18:10

[Axel] il y a une vraie question qui se passe parce que en fait

18:12

[Axel] on voit des États européens qui ont mis en place

18:15

[Axel] des obligations de partage du code source.

18:21

[Axel] de leurs applications mais aussi de leurs algorithmes, du fait de loyer sur la transparence.

18:25

[Benjamin] Lesquels par exemple ?

18:26

[Axel] Les Pays-Bas, ils ont le WOO, ça s'appelle je crois le WOO si je ne dis pas de bêtises, qui est cette loi qui en gros

18:34

[Axel] les administrations publiques à partager les informations de l'État.

18:38

[Axel] Donc en gros, il y a une obligation pour l'Etat de partager ces informations qui ne sont pas des informations secrètes.

18:45

[Axel] Et donc notamment en fait, ça s'est étendu jusqu'au code source.

18:47

[Axel] C'est assez récent, ça date de deux trois quatre ans maintenant, je crois qu'il y a eu des décisions de justice, etc.

18:52

[Axel] où ils ont dû partager le code source.

18:55

[Axel] de logiciels qui sont essentiels en fait aux services publics.

18:59

[Axel] Parce que les services publics des Pays-Bas

19:07

[Axel] où le choix fait par l'administration est dicté par un algorithme.

19:11

[Axel] Et on savait pas ce qui se passait. Et donc c'est le

19:15

[Axel] Le logiciel Logius, alors je ne saurais plus dire exactement ce qu'il faisait.

19:19

[Axel] mais qui a eu, dont on a vu le code source, et on a vu une snapshot du code source, malheureusement juste, mais ça a été updateé entre temps, etc.

19:26

[Axel] et ça se voit ailleurs aussi.

19:29

[Axel] une possibilité en fait

19:32

[Axel] peut-être pas seulement dans l'utilisation de l'open source mais en fait dans l'obligation de partager les codes sources.

19:37

[Axel] de cette transparence.

19:42

[Axel] du fait de la philosophie de design du logiciel qui est utilisé par les gouvernements quand ils utilisent de l'open source.

19:50

[Axel] ils se retrouvent à être dans des démarches qui sont plus transparentes et plus respectueuses de la consultation.

19:56

[Axel] avec les citoyens.

20:00

[Axel] ce logiciel de participation citoyenne.

20:03

[Axel] qui est un des plus grands succès de l'open source mondial.

20:08

[Axel] Pour le secteur public, à minima.

20:10

[Axel] et qui a permis de réaliser des consultations citoyennes dans le monde entier.

20:16

[Axel] qui est utilisée par beaucoup beaucoup de

20:20

[Axel] de gouvernements locaux, de communes notamment, qui en fait vont chercher l'avis de leurs citoyens sur des questions aussi simples que je ne sais pas, il faut-il avoir un parc ici ou est-ce que vous préférez un parc pour enfants ou

20:31

[Axel] des choses comme les plateformes qui permettent de signaler les nids de pouls sur les routes. Enfin c'est ce genre de choses là qui existe.

20:40

[Axel] on aide la démocratie directe mise en avant du fait du design de ces logiciels-là.

20:46

[Axel] Après, ce n'est pas forcément partout, tout le temps, et il y a beaucoup d'états qui ne sont pas du tout encore à ce niveau-là.

20:52

[Axel] Mais on en voit quelques-uns qui commencent vraiment à

20:57

[Axel] à la fois utiliser les logiciels d'open source et du coup se retrouver, influencer un peu dans leur manière de gérer leur rapport aux citoyens, mais aussi avec la numérisation des services publics, parce que tout le monde maintenant en fait peut, il y a des pays qui font quasiment tout enuméré, qu'on a l'Estonie ou même l'Ukraine par exemple qui

21:14

[Axel] sont en train de numériser quasiment tous leurs services publics parce qu'ils en ont besoin.

21:18

[Axel] et qui du coup se retrouve à utiliser du code source ouvert pour pouvoir aller plus vite dans le développement de leurs produits pour réussir à

21:29

[Axel] à donner de meilleurs logiciels, quelque chose qui fonctionne mieux tout simplement.

21:37

[Benjamin] et sur la souveraineté numérique.

21:40

[Axel] Et sur la sous-vente numérique, là, ce sera peut-être

21:42

[Axel] un peu différent mais parce qu'en fait c'est quelque chose qui est déjà arrivé au niveau européen.

21:46

[Axel] C'est-à-dire que ça a dépassé le cadre des États membres.

21:49

[Axel] où là on a très clairement des discussions depuis

21:52

[Axel] 5 à 10 ans maintenant sur qu'est-ce que c'est la souveraineté numérique européenne et surtout il en faut.

21:57

[Axel] On ne sait pas vraiment ce que c'est, mais il en faut. Voilà, ça c'est le truc qui est sûr et certain, c'est que tout le monde est d'accord, il faut qu'on soit souverain. Ok.

22:05

[Axel] Forcément, l'open source, c'est une très bonne manière d'être souverain.

22:10

[Axel] parce qu'on sait ce qui se passe, parce qu'on peut voir qui a fait quoi, on peut aussi avoir tout simplement un contrôle de qu'est-ce qu'on utilise.

22:17

[Axel] et face à des questions de protection des données, face à des questions d'extradition des données vers d'autres pays qui potentiellement surveillent les citoyens et les utilisent à des fins quelconques.

22:26

[Axel] avec lesquelles nos lois ne sont pas d'accord.

22:29

[Axel] Il y a un vrai enjeu à utiliser des technologies qui nous permettent, nous, de contrôler.

22:36

[Axel] qu'est-ce qui se passe quand on se connecte à FranceConnect par exemple et qu'on se connecte sur un tel serveur et que nos données elles vont sur un serveur où ça ?

22:48

[Axel] sur quel hardware, etc.

22:50

[Axel] La souveraineté numérique, du coup, elle ne peut pas se résumer qu'à l'open source.

22:54

[Axel] en tout cas à mes yeux parce qu'il y a un vrai enjeu de d'abord le hardware, les serveurs parce que maintenant quasiment tout est sur cloud et donc en fait forcément il y a une réaction de où sont stockés les données et où elles partent.

23:05

[Axel] Mais aussi

23:08

[Axel] globalement en fait de réussir à gérer toute la chaîne, tout le stack etc technologique.

23:15

[Axel] permet de prodiguer ses services publics etc de la part des Etats.

23:18

[Axel] Tout à l'heure je parlais de ZenDIS, du Centre pour la souveraineté numérique allemand.

23:33

[Axel] par pur souci de souveraineté.

23:34

[Axel] Et en France on a fait la même chose d'ailleurs, il y a la loi Ayrault de 2014-2016

23:39

[Axel] Je vais peut-être te dire une bêtise.

23:41

[Axel] qui est venu déjà mettre un bon coup là dedans mais on a des gens à la direction du numérique, à la DINUM

23:57

[Axel] d'amener plus de souveraineté dans la manière dont on produit des services publics et qui eux aussi

24:05

[Axel] en logiciel libre et en open source.

24:08

[Axel] dans le cas de cette mission-là.

24:11

[Benjamin] Et qui promeuvent aussi beaucoup. Moi je pense à Bastien Guerry et la Gazette BlueHats et tout ce qu'ils font derrière.

24:19

[Axel] Ils font un travail de titan, vraiment. Et maintenant ils ont une équipe qui a un peu grandi, donc c'est en plus assez cool à voir parce que

24:26

[Axel] Ils ont des projets, du coup, ils peuvent maintenant faire ces projets internationaux du coup entre la France, l'Allemagne et maintenant même les Pays-Bas. Donc là il y a un trio qui est en train de se former.

24:35

[Axel] où là en fait on commence à voir la question de la souveraineté numérique prise en main non pas seulement par un état membre pour lui-même

24:42

[Axel] qui ne pouvait pas marcher. Je pense qu'ils ont compris ça assez rapidement.

24:46

[Axel] mais qui en fait est prise en main au niveau des états européens. Et c'est aussi pour ça que l'Union Européenne a un rôle à jouer là-dedans, c'est que

24:54

[Axel] il n'y aura pas de coordination entre les États de nulle part. Et donc là on réussit à avoir pour la première fois, je pense, de ce que j'en connais a minima.

25:03

[Axel] un projet d'une envergure telle au niveau de logiciels libres pour les administrations publiques.

25:09

[Axel] où ils essayent de former ce qu'on appelle un EDIC,

25:15

[Axel] un consortium pour une infrastructure numérique européenne, en traduction française.

25:20

[Axel] et qui va essayer de créer une suite de produits open source pour les administrations publiques avec des choses qui existent déjà. On ne va rien vendre à la roue d'un coup.

25:31

[Axel] mais pour agréger plusieurs produits et en faire un truc tout en un, utilisable par deux administrations et potentiellement.

25:41

[Axel] malgré tout il reste un peu du chemin à faire donc à voir où ça ira mais on espère très fort que ça marchera

25:48

[Benjamin] Et puisque tu parles de chemin

25:52

[Benjamin] Pour conclure, qu'est-ce que tout ça t'inspire et quelles évolutions tu vois toi depuis quelques années ?

26:00

[Benjamin] Est-ce que tu as l'impression que tu es en train de vider la mer à la petite cuillère ou est-ce qu'il se passe vraiment des choses et ça a un impact, et c'est un impact réel dans la vie des gens ?

26:12

[Axel] C'est clair que des fois on a l'impression, il y a des jours, on a l'impression de vider la mer à la petite cuillère parce que il y a un pas en avant, un pas en arrière.

26:19

[Axel] Et il y a plein de gens qui ont plein d'exemples de choses qui n'ont pas marché.

26:22

[Axel] On a le LiMux de Munich qui revient souvent.

26:26

[Axel] Mais d'ailleurs faut savoir que maintenant ça va mieux. Ils ont refait une politique open source, ils sont à fond, ils sont géniaux. J'ai beaucoup parlé avec eux et vraiment ils essayent de rattraper ce qui n'a pas pu être fait il y a 10 ans.

26:37

[Axel] Je pense que les choses avancent, les choses évoluent.

26:41

[Axel] dans le sens où

26:42

[Axel] on voit une multiplication de projets liés à l'open source et du coup liés surtout à ces questions de souveraineté numérique où

26:49

[Axel] Tout le monde essaie de pouvoir faire la souveraineté numérique.

26:51

[Axel] Et on les voit un peu partout en Europe. Alors certes il y a des gens qui sont plus en avance que d'autres, des états qui sont plus en avance que d'autres.

26:58

[Axel] quand on voit la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Italie, le Danemark.

27:02

[Axel] c'est des pays qui sont en avance.

27:06

[Axel] Y en a de plus en plus.

27:07

[Axel] Ce qui va me manquer, c'est la coordination.

27:10

[Axel] l'harmonisation.

27:12

[Axel] On a la Commission Européenne qui essaye de coordonner des choses, qui essaye de faire des choses et on a notamment une législation qui est passée il n'y a pas longtemps, qui était l'acte sur l'interopérabilité européenne, qui cherchait à harmoniser tout ça.

27:23

[Axel] avec la mise en place de standards communs et de normes qui permettraient l'interopérabilité des services publics européens.

27:30

[Axel] Un truc un peu essentiel pour avoir du mouvement entre les pays de la part des citoyens.

27:36

[Axel] Mais pour autant, c'est pas fait.

27:38

[Axel] et il va falloir que l'implémentation de cette loi là elle fonctionne et donc il y a tout un enjeu à comment ils vont réussir à implémenter ça

27:46

[Axel] C'est bien parti mais on n'y est pas encore. Et donc

27:50

[Axel] Donc même s'il y a du mouvement

27:52

[Axel] Rien n'est fait, tout est encore à faire sur plein de points.

27:55

[Axel] Après moi il y a des choses qui me donnent beaucoup d'espoir comme les projets dont j'en ai un peu parlé par rapport à Open Desk

28:00

[Axel] et la suite donc cette collaboration entre les allemands et les français.

28:06

[Axel] derrière, il faudra voir à quel point leur modèle est durable et nous on est très contents de les encourager. Moi je suis à fond derrière eux et donc j'essaie d'en parler partout et de dire à tout le monde à quel point c'est cool comme projet.

28:23

[Axel] on va vite se rendre compte en Europe que la souveraineté numérique c'est un concept sympa.

28:28

[Axel] mais que ça c'est limite parce qu'on n'existe pas que nous-mêmes tout seul en Europe. On est un peu dépendant du reste du monde.

28:35

[Axel] et que surtout quand on parle de logiciels libres

28:37

[Axel] le logiciel libre, il est pas conditionnable à des positions géographiques. On peut pas dire c'est que à nous et c'est pas aux autres.

28:44

[Axel] Et puis surtout, on va pas pouvoir

28:49

[Axel] Donc y'aura un moment où

28:50

[Axel] je pense que les États membres, l'UE, etc. se rendra compte de l'intérêt, de l'importance.

28:56

[Axel] de se coordonner au niveau international aussi avec les organisations qui existent déjà dans notre pays.

29:02

[Axel] avec l'idée que tout le monde a envie d'être souverain. Tout le monde a envie d'avoir une capacité de contrôle sur ces infrastructures-là.

29:09

[Axel] mais que cette infrastructure-là, elle est forcément en commun. Parce que sinon

29:14

[Axel] Il n'y aura pas d'échanges internationaux, il n'y aura pas toutes les possibilités qu'on a aujourd'hui due à la mondialisation en termes de

29:20

[Axel] tous les biens qui s'échangent à travers les frontières, etc.

29:24

[Axel] Ce serait mettre un petit peu une halte trop protectionniste pour que

29:30

[Axel] le système qui existe aujourd'hui puisse encore fonctionner. Alors, qu'on le souhaite ou pas, peu importe, mais il y aura forcément besoin de cette coordination-là.

29:42

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29:58

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30:02

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