[Générique] L’informatique doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit s’opérer dans le cadre de la coopération internationale. Elle ne doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni au x libertés individuelles ou publiques.
[Benjamin] Bonjour et bienvenue dans ce 9ème épisode de RdGP, le podcast sérieux qui vous emmène au cœur des enjeux des droits numériques, des libertés individuelles et de la vie privée.
[Benjamin] Avec un ton accessible, engagé mais bienveillant, nous essayons de démystifier ces risques et ces dangers qui envahissent nos quotidiens.
[Benjamin] Alors bonjour Aeris !
[Benjamin] De quoi l'on nous parlait aujourd'hui ?
[Aeris] et bien on va parler de réseaux sociaux.
[Benjamin] Et bien on y va !
[Benjamin] Alors pour parler de réseaux sociaux, aujourd'hui c'est un sujet d'actualité, tout le monde se demande est-ce qu'il faut rester...
[Benjamin] sur le site de l'oiseau ou aller ailleurs.
[Benjamin] Et on va peut-être commencer par la conclusion, comme ça ceux qui sont pris par le temps, ils n'ont pas besoin d'écouter tout l'épisode. Alors...
[Benjamin] On va pas y aller par quatre chemins, on va aller droit au but et...
[Benjamin] Aéris, est-ce qu'il faut rester sur Twitter ?
[Aeris] Eh ben non, faut quitter Twitter, le plus vite possible sera le mieux.
[Benjamin] D'accord, et où est-ce qu'il faut aller ?
[Aeris] plutôt sur BlueSkype, à notre avis en tout cas.
[Benjamin] Et ben voilà, c'est fini, non c'est pas fini du tout mais si vous cherchiez uniquement les réponses à ces questions, vous les avez et vous pouvez vous épargner la suite où on va parler de plein de choses intéressantes mais ça c'est vous qui êtes juge.
[Aeris] Oui, puis surtout que les réponses là sont un peu simplifiées, et bien entendu c'est un peu plus compliqué que ça en pratique.
[Benjamin] C'est même beaucoup plus compliqué que ça. Alors pour commencer, qu'est-ce que c'est un réseau social ? On va peut-être se faire un petit historique, un cours d'histoire.
[Aeris] Un cours d'histoire qui commence comme bien souvent en informatique dans les années 70, donc avec en 78, un des premiers ancêtres du réseau social qui étaient les BBS.
[Benjamin] BBS ça veut dire...
[Aeris] « Built-in-board system », et qui était un espèce de forum en fait, alors c'était très primaire, puisqu'en 1978 il n'y avait pas grand-chose encore en informatique, mais en tout cas ça permettait d'échanger, de laisser des messages, de s'échanger un peu des informations, c'était pas mal utilisé pour faire des petites annonces rapidement dans un coin, mais c'était les tout premiers notions de réseau social qu'on pourrait considérer aujourd'hui.
[Benjamin] Ouais parce qu'il y avait déjà des réseaux, et alors c'était essentiellement téléphonique avec des modems qui faisaient "Tututututu"
[Aeris] C'était les modems 56K, je sais même pas si c'était du 56K déjà à l'époque, ça devait même être... C'était encore beaucoup plus, ça devait être des bonnes lisons série ou du arpanette dans le coin. Mais voilà, c'était un peu les bauches. Après, ça s'est un peu amélioré.
[Benjamin] Ouais, bah oui j'ai envie de dire, quand est-ce qu'on arrive avec un réseau social fédéré où on peut parler de plein de choses avec des serveurs à droite à gauche, où on peut les interconnecter, ça arrive quand ?
[Aeris] Et ben ça arrive deux ans après, en 80, hein, ça va surprendre beaucoup de monde, mais le premier réseau social qu'on va appeler vraiment fédéré, bah c'était Usenet, et qui a eu une énorme réputation à une certaine époque. Tout le monde connaissait ce Usenet, tout le monde ne jurait que par ça. C'était les échanges monstrueux en fait, en termes de volume de données ou de participation. C'était un forum très hiérarchisé, donc c'est-à-dire que vous aviez une hiérarchie
[Benjamin] C'était des thématiques avec des sous-thématiques.
[Benjamin] Donc il y avait le groupe FR pour francophone, sous lequel il y avait des sous-groupes avec
[Aeris] Y'avait fr.comp, fr.comp pour computer, y'avait sci.
[Aeris] Il y avait le .sci pour ceux qui faisaient des sciences, il y avait des .info, donc voilà, il y avait le .alt et le .alt.bin, et le .alt.bin.warez en particulier, que c'était du gros échange de logiciels piratés à l'époque qui passaient par là.
[Benjamin] Pas bien.
[Aeris] Ben c'est pas bien mais ça marchait très bien à l'époque.
[Benjamin] Il y avait alt.sex aussi, je crois qu'il marchait pas mal.
[Aeris] Oui, il y avait beaucoup de porns, bien entendu. Et le gros intérêt de ce réseau, en fait, c'était fédérer. Donc chacun pouvait héberger ses propres newsgroups, son propre serveur de newsgroups, aller récupérer les branches qu'il voulait, du coup, dans l'arborescence. Les mettre à disposition de ses propres utilisateurs.
[Aeris] Et du coup ça avait, ça marchait vraiment très bien et ça avait beaucoup beaucoup pris avec beaucoup d'échanges. Les gens filtraient bien entendu typiquement le porno ou le warres, souvent étaient moins bien recopier que les autres contenus.
[Benjamin] Ouais alors moi je me souviens qu'à l'école on avait accès au news group, ça marchait très très bien, mais il n'y avait pas ces branches là, on ne pouvait pas y accéder.
[Aeris] Après ça coûtait très cher à l'époque les données, les changes de données, donc forcément c'était des ressources assez rares. Ça avait été repris par Google à une certaine époque, les groupes Google étaient basés sur Usenet.
[Benjamin] Alors il me semble qu'il y a une boîte qui s'appelait Déjà News qui avait repris... Parce que on l'a pas dit, mais Usenet c'était du mode texte...
[Benjamin] donc une interface pas super folichonne et puis le web est arrivé dans les années 90
[Benjamin] Donc il y a un site qui s'appelait Déjà News qui reprenait sur un site web le contenu de tous les news groupes. Je me souviens quand ce truc là est arrivé on disait, ouah mais c'est génial ! Et Déjà News a fini par être racheté par Google.
[Benjamin] finit par le foutre à la benne comme comme toujours avec google
[Aeris] C'était surtout utilisé à la fin, surtout pour du porno et du warres, donc ça se payait très cher. Il y avait des sites qui monétisaient les accès au newsgroup pour récupérer du contenu illégal. Google l'a fait un peu...
[Aeris] Il a un peu maintenu en vie avec les groupes Google qui avaient bien fonctionné, mais Google a décidé de tout balancer, donc du coup aujourd'hui ça n'existe plus vraiment. Je suis même pas sûr que même le Waraz et le Porn a continué sur ce domaine là, mais du coup c'est un réseau qui s'est un peu éteint avec le temps.
[Benjamin] Ouais, alors on va faire donc un petit saut dans le temps justement.
[Aeris] Et donc c'est 2004, on arrive à l'époque de Facebook, qui s'est lancé, c'était au début juste un réseau social d'université. C'était Harvard de mémoire, oui. Ou en fait c'était juste un trombinoscope où on pouvait un peu parler entre...
[Aeris] entre personnes du campus et c'était Mark Zuckerberg qui avait lancé ça puisqu'il était de ce campus là et après ça a pris l'ampleur qu'on connaît aujourd'hui.
[Benjamin] Il y a un très bon film de Fincher de Social Network qui raconte la genèse de Facebook.
[Aeris] Et après, du coup, sans dans le temps, et là pour le coup qui touche directement la thématique, puisque c'est l'apparition de Twitter en 2006.
[Aeris] avec le réseau social qui s'est lancé, qu'on connaît tous bien, qui a un peu...
[Aeris] donner le ton sur ce qu'on appelle du micro blogging aujourd'hui ou avec des petits messages courts de 180... même pas, c'était même pas 180 caractères 140, 20 ou moins que ça et donc ça a lancé le mouvement de ce côté là
[Benjamin] Ça oblige en fait à être concis.
[Aeris] Et on ne pouvait pas mettre d'image et tout comptait, le moindre caractère comptait, donc ça avait même donné des syntaxes particulières pour s'échanger, etc.
[Benjamin] Même les RT au début, c'était une syntaxe qui avait été inventée par des utilisateurs, je crois. Les hashtags, c'est pareil, c'est pas Twitter qui a inventé le hashtag, c'est les utilisateurs. C'est impressionnant de voir comme des usages.
[Aeris] créer des normes aujourd'hui, les hashtags ou les handles ont été réutilisés dans vraiment partout. Une autre date notable c'est 2008, alors là on rentre dans un peu plus du confidentiel mais qui a quand même aussi marqué, c'était l'arrivée de Statunet et Identica.
[Aeris] C'était la première réseau social basée sur du micro blogging comme Twitter, mais version en libre. Donc c'est du logiciel libre que tout le monde pouvait installer chez lui. Identica était la principale instance, donc vous pouviez vous créer un compte sur Identica et échanger avec tout le monde.
[Aeris] Mais vous pouvez aussi monter votre propre instance fédérée avec Identica et donc échanger avec n'importe quel utilisateur qui était présent sur n'importe quel instance du réseau.
[Benjamin] Ok, donc avec un protocole commun.
[Aeris] avec un protocole commun qui a été normalisé, qui s'appelait StatuNet et au status après.
[Aeris] qui du coup permettait d'échanger, de discuter entre instances et donc ça a été normalisé assez rapidement pour éviter...
[Aeris] les problèmes et avoir un langage commun entre toutes les instances.
[Benjamin] Ok.
[Aeris] Après donc Satunet est devenu en 2013, il y a eu une espèce de scission, c'est à dire que le fondateur d'Identica s'est dit j'ai envie de tester autre chose, donc il a fondé PumPayo, qui a un protocole complètement différent, il a migré ses anciennes instances d'Identica vers PumPayo.
[Aeris] Et du coup de l'autre côté, le protocole, enfin statu net du coup est devenu GNU Social, qui a été repris par la Free Software Foundation pour continuer à faire vivre le réseau fédéré basé sur hostatus et pas sur Pampayo comme le fondateur d'Identica avait fait le switch.
[Aeris] Et on a vu enfin, donc du coup en 2016, l'arrivée de Mastodon, qui au départ s'est greffée sur Ognus Social, et était basée sur Ostatus.
[Aeris] et a fait le changement en 2018 pour passer sur Activity Pub, donc un autre protocole qui permettait d'autres fonctionnalités que Satus, qui commença à devenir un peu vieux et n'était pas vraiment prévu pour faire du volume.
[Aeris] Et ensuite on a eu la fin 2019, l'apparition de Blue Sky.
[Aeris] qui s'est lancé.
[Aeris] pour être un peu une alternative à Twitter, et qui a normalisé son protocole aussi en 2022, avec le protocole, le AT-Protocole, qui est le protocole fédéré du coup, utilisé par BlueSky.
[Benjamin] Ok, moi j'ai noté aussi Nostr en 2020.
[Aeris] Il y a eu pas mal d'autres protocoles de réseaux social un peu plus underground. Il y avait Nostr, il y a eu Bitmessage aussi qui est apparu, qui était fondé sur la blockchain. Nostr était aussi fondé sur des notions de blockchain. Mais après il y en a eu beaucoup d'autres, on ne l'a pas pu tous les citer bien entendu, mais il y en a énormément d'autres qui ont existé.
[Aeris] et même sur le côté Facebook, on a eu Facebook, on a eu Threads, on a eu d'autres alternatives un peu partout.
[Benjamin] Ouais, Threads, Threads c'est assez récent. C'est un des plus récents.
[Aeris] C'est beaucoup plus récent, c'est ça, c'est 2022, 2023 aussi. Donc après voilà, on n'a pas pu être forcément complètement exositif sur les réseaux sociaux. Je pense qu'il y en a plein d'autres qui ont existé. Il y a eu la grosse mode aussi des Skynet, enfin Skyblog, PHPBB, tous les forums à droite à gauche.
[Benjamin] Ça dépend ce qu'on met derrière le terme de réseau social. Si c'est un réseau qui permet de connecter les gens entre eux, est-ce que Youtube est un réseau social ? C'est une question qu'on peut se poser. Est-ce que...
[Benjamin] Le mail est un réseau social, après tout pourquoi pas, c'est fédéré, interconnecté, on peut s'échanger des messages.
[Benjamin] Est-ce que MySpace était un réseau social ?
[Benjamin] ça allait plus dans un sens, c'était pas très bidirectionnel MySpace, encore que.
[Aeris] Y'avait un peu la partie commentaire hein, on pouvait quand même changer, même sur les SkyBlogs c'est pareil, y'avait tous les commentaires.
[Benjamin] C'était pas ce qui était mis en avant typiquement, ce que Twitter a mis en avant, et ce qui à mon avis c'est...
[Benjamin] Vraiment ce que ça a changé c'est que...
[Benjamin] Tout le monde partait d'un pied d'égalité et tout le monde pouvait poster.
[Benjamin] Et tout le monde pouvait répondre à tout le monde mais le plus important c'était même pas ça, c'était que tout le monde puisse poster.
[Aeris] C'est sûr que même par rapport au BBS et à Usenet, c'était souvent dans un seul sens. Effectivement, il y avait les publics, les publishers et les lecteurs. Et il n'y avait souvent pas vraiment de symétrie. Les gens étaient plutôt des consommateurs sur Usenet que des publics, des publishers.
[Aeris] Et après c'est vraiment Twitter qui a vraiment dit tout le monde est à pied d'égalité et tout le monde a les mêmes moyens à disposition.
[Benjamin] D'ailleurs, je me souviens quand j'ai commencé à utiliser Usenet.
[Benjamin] la première chose qu'on nous disait c'est attention ce forum n'est pas en mode right only
[Benjamin] parce que souvent en informatique on a du read-only, donc on peut lire, on n'a pas le droit d'écrire.
[Benjamin] inciter les gens à lire pour pas poser une question qui a été déjà posée 15 fois, on leur disait attention c'est pas en vrai temps de lit, mais ce qui fait qu'à la fin...
[Benjamin] On se posait vraiment la question de... Est-ce que je peux poser ma question ou est-ce que je vais me faire atomiser direct ?
[Benjamin] Non pas du tout, enfin pas du tout, pas affaire de généralité mais en tout cas...
[Benjamin] je prends un café et puis je vais au chiottes et ben allez hop, un petit tweet.
[Benjamin] Usenet, c'était pas du tout ça.
[Aeris] c'était beaucoup plus contrôlé.
[Benjamin] c'était beaucoup plus contrôlé et puis ouais.
[Benjamin] Ça tient sûrement au fait aussi qu'il fallait s'installer devant un ordinateur.
[Benjamin] une station UNIX.
[Aeris] Et ça coutait cher, le moindre message coutait très cher.
[Benjamin] Ils sont concomitants avec les smartphones. Le premier iPhone date de 2007.
[Benjamin] et puis aux connexions 2G, Edge, 3G, 4G, 5G qui fait que
[Aeris] Et surtout illimité et qui dépendait plus du téléphone.
[Benjamin] Exactement, avec le fait qu'on a une connexion où on ne va pas payer à l'octet et puis ça va vite. Et du coup on n'est plus loquace.
[Benjamin] Alors bon, donc si on revient à Twitter, la question que tout le monde se pose aujourd'hui, c'est est-ce qu'il faut quitter Twitter, ou est-ce qu'il faut rester sur Twitter ?
[Aeris] On va expliquer quand même déjà un peu pour ceux qui n'auraient pas suivi, même si je pense que bon ça va être un rappel un peu inutile mais bon c'est tant pis. Ce qui se passe avec Twitter déjà depuis deux ans c'est qu'en fait Elon Musk a racheté Twitter un peu sur un coup de tête. Il avait de l'argent à cramer, il a eu...
[Benjamin] Alors je pense qu'il n'avait pas l'argent...
[Aeris] où il l'avait pas, il l'a emprunté, ça a été vraiment tout un sketch. Il voulait même plus l'acheter à un moment donné, ça a été vraiment deux ans de pure blague. Elon Musk c'est quelqu'un de très toxique pour le coup et clairement dans l'extrême droite...
[Benjamin] Alors, il est toxique, ça c'est un jugement de valeur.
[Benjamin] mais auxquels j'adhère.
[Aeris] Voilà. Et du coup, le réseau est devenu vraiment n'importe quoi. On va dire jusqu'à 2021, 2022, ça pouvait encore aller. C'était vraiment un réseau social comme un autre, mais à partir de là, ça a vraiment commencé à déconner.
[Aeris] Aujourd'hui il y a un contenu vraiment plutôt très extrémiste avec des propos de Musk et des comportements de Musk où il a débloqué des extrémistes, des racistes qui promeut aujourd'hui des fake news à plus savoir comment foutre. Donc c'est vraiment devenu... je pense qu'ils font la compétition à 4chan en termes de mauvais contenus sur internet maintenant.
[Benjamin] Ouais alors ce qu'il faut peut-être dire c'est que Elon Musk a racheté Twitter pour 43 milliards. Milliard hein, c'est quand même pas rien hein.
[Benjamin] probablement sur un coup de tête. Moi ma théorie c'est qu'il avait fumé quoi, il était... et que c'était pas du tout voulu et qu'en face ils étaient trop contents de pouvoir vendre pour un prix aussi astronomique que ça et que une fois qu'il a fait son offre ils l'ont pas lâché.
[Aeris] Voilà.
[Benjamin] Avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités comme le dit Spiderman. Et un réseau social qui met en relation autant de gens forcément, il a une responsabilité en termes de modération, en termes de censure ou tout simplement en termes de respect de la loi.
[Aeris] Mais là, il ne les prend pas du tout. Il s'assoit avec peu près tout ce qui lui passe sous la main. Il est déjà sanctionné plusieurs fois par la Commission européenne qui lui dit que c'est n'importe quoi la modération. Il n'y a plus d'équipe de modération, il n'y a plus d'équipe de sécurité, il n'y a plus rien qui va en fait là-dedans. Mais aujourd'hui, c'est... Du coup, la question se pose, est-ce qu'il faut quitter ce réseau social ou pas ?
[Aeris] Et c'est vrai que c'est compliqué parce que du coup les gens ont fondé un certain réseau dessus, ont une certaine réputation, ont des moyens de contact avec des gens dessus et c'est vrai qu'en particulier pour les entreprises qu'on fait leur fondé leur communication dessus c'est compliqué de se dire qu'on va tirer un trait là dessus et qu'il va falloir tout rebâtir de zéro.
[Aeris] Donc à titre personnel c'est peut-être assez facile de partir, mais à titre collectif c'est compliqué.
[Benjamin] Quand on utilise ça pour discuter avec ses potes, c'est comme quand un café ferme, on va chercher le café d'à côté. Quand on a fait ça dans un cadre professionnel ou semi professionnel...
[Benjamin] ça peut devenir dramatique. Moi, il me semble qu'en TikTok, qui avait fermé aux États-Unis, il y a des influenceuses qui étaient littéralement en larmes parce qu'elles perdaient leur communauté.
[Benjamin] Alors moi j'ai un petit peu envie de dire, faites attention quand vous créez une communauté sur un réseau sur lequel vous avez aucune prise et aucun contrôle, parce que votre audience...
[Benjamin] qu'on peut la perdre du jour au lendemain.
[Aeris] Et prévoyez une rete secours en fait, ne mettez pas tous vos oeufs dans le même papier et commencez aussi à monter un autre réseau à côté et ne gardez pas tous sur la même plateforme.
[Benjamin] Ceci dit, c'est plus facile à dire qu'à faire, parce qu'on utilise les outils qu'on a à sa disposition, et puis de préférence ceux qui fonctionnent.
[Aeris] Et ceux qui nous font vivre, et manger.
[Benjamin] Et donc, c'est sûr que quand on a investi du temps et donc de l'argent à bâtir une audience sur un certain réseau social...
[Benjamin] partir du jour au lendemain c'est compliqué.
[Benjamin] Néanmoins, si...
[Benjamin] Il faut partir de Twitter et donc vous l'avez compris, c'est ce que nous on pense.
[Benjamin] il vaut mieux le faire en même temps que tout le monde. Parce que...
[Aeris] Mais du coup faut pas être le premier.
[Benjamin] Alors il faut pas être le premier mais il faut surtout pas être le dernier parce qu'aujourd'hui on voit qu'il y a des grandes transhumances de réseaux sociaux.
[Benjamin] vers d'autres et que ça veut dire qu'il y a des audiences qui sont en train de se créer. On voit en gros sur Blue Sky, puisque c'est celui qu'on a évoqué, il y a à peu près un million de nouveaux utilisateurs par jour. Donc c'est vraiment énorme.
[Benjamin] C'est beaucoup en tout cas et ces nouveaux abonnés, ils vont chercher des comptes à suivre.
[Benjamin] Et c'est au moment où ils arrivent qu'ils vont les chercher.
[Benjamin] Donc il vaut mieux pas être le dernier parce que le dernier c'est celui qui va avoir le plus de mal à se recréer rapidement sa communauté. Le premier évidemment c'est compliqué pour lui aussi puisque quand il est le premier il est tout seul.
[Benjamin] ça va sondir.
[Benjamin] Donc il y a quand même une espèce de momentum de...
[Benjamin] de temps où on est en train de migrer. La question, c'est pas tant de savoir est-ce qu'il faut migrer, c'est est-ce que c'est vraiment le bon moment et vers où on va.
[Aeris] Et aujourd'hui du coup, sur où aller, aujourd'hui il y a deux réseaux, enfin il y en a trois, mais il y en a un qu'on va vite évacuer, il y a le réseau de threads donc...
[Benjamin] Alors non, je pense qu'il faut en évacuer, ok ?
[Aeris] Allez pas sur Threads quand même. Non mais en fait Threads, il y a trois réseaux aujourd'hui qui du coup sont en train de récupérer les billes de Twitter. Il y a Threads qui est géré par META, donc Facebook, avec les problèmes de vie privée, Instagram, etc. Donc avec les problèmes habituels de vie privée, de problématiques de surveillance, de marketing et autres.
[Benjamin] Je t'interromps parce que tu commences par évacuer d'emblée celui qui, d'après ce qu'on entend, est celui qui a le plus de succès.
[Aeris] Oui, aujourd'hui il a le plus de succès. Alors il a un avantage aussi, c'est que comme c'est Facebook, en fait tout le monde avait déjà plus ou moins un compte là-bas, ne serait-ce que par le compte Facebook. Donc c'était assez facile pour les gens de cliquer juste sur un bouton ou d'arriver sur threads avec rien à faire, juste... ben ok, j'avais déjà mon compte Facebook, etc. Donc effectivement, il remporte beaucoup de parts de marché.
[Aeris] parce qu'il avait des facilités mais parce que c'est aussi des positions de monopole et de contrôle de facebook avec tous les problèmes qu'on connaît bien donc pour ça qu'on va l'évacuer assez rapidement c'est bas si vous avez un compte thread allez-y si vous avez envie
[Aeris] Mais nous on vous déconseille pour des raisons de vie prévéligote.
[Benjamin] Alors moi j'ai un compte thread.
[Benjamin] parce qu'il se trouve que j'ai aussi un compte Facebook.
[Benjamin] et j'ai un compte Instagram que j'utilise pas.
[Benjamin] Moi j'aime pas du tout, j'aime pas du tout parce que ça répond.
[Benjamin] aucun de mes besoins et je trouve ça pas du tout agréable.
[Benjamin] Et puis Instagram s'est fait connaître par des filtres que j'ai...
[Benjamin] toujours trouvé très très très moche.
[Benjamin] Bref, c'est pas ma calme, mais bon, il y a des gens pour qui ça allait donc pourquoi pas. Donc je suis allé naturellement voir Thread, il y a assez longtemps d'ailleurs dès que ça a été disponible en France.
[Benjamin] peut-être essayer un petit VPN pour le tester avant d'ailleurs je me souviens plus
[Benjamin] Et alors moi pour le coup indépendamment de...
[Benjamin] toutes les considérations que tu viens d'évoquer. Thread, je trouve ça juste chiant, c'est à dire que c'est une espèce d'Instagram mais qui aurait été redisigné à la mode Twitter.
[Benjamin] et donc c'est un peu le pire des deux mondes, d'un point de vue purement expérience utilisateur.
[Benjamin] Après, oui, on sait que c'est méta derrière, qu'en termes de respect de la vie privée, de profilage des utilisateurs...
[Benjamin] Ce n'est pas les meilleurs au monde.
[Benjamin] Mais c'est surtout que moi je trouve qu'on s'emmerde sur threads.
[Benjamin] Alors après...
[Benjamin] Threads a mis en avant...
[Benjamin] assez tôt son interopérabilité avec
[Aeris] Avec Mastodon, avec le Fédiverse, avec Mastodon en particulier, donc Activity Pub.
[Aeris] Ok, ce qu'on a parlé ? Activity Pub, pareil. C'est parce que moi je préfère les pubs à la table.
[Benjamin] C'est parce que moi je préfère les pubs à la pub.
[Aeris] Ouais on peut le voir comme ça. Mais du coup ça a été justement aussi une problématique en fait parce que donc Mastodon est un réseau fédéré. Donc Mastodon, je vais dire Mastodon vous Fédiverse mais bon...
[Aeris] comprenez Fediver quand je dis mastodon. En fait, le mastodon est le socle initial qui a fondé le Fediver, qui s'est dit on va lancer un réseau social fédéré, donc fédéré, ça veut dire que n'importe qui peut remonter son instance.
[Aeris] s'intégrer au réseau et communiquer avec tous les autres.
[Aeris] et s'est posé la question de ThreadsZ puisque ThreadsZ est arrivé en 2022 en disant je vais m'intégrer avec vous.
[Aeris] et les instances en face ont dit qu'on n'est pas vraiment d'accord parce qu'on n'a pas envie de se retrouver déjà noyé sous votre contenu parce que vous vous pesez pas loin d'un milliard d'utilisateurs si on compte tous les comptes Facebook. Donc si vous vous interfacez avec nous, vous allez juste nous inonder et on ne va plus rien voir. Et aussi parce qu'on a des problèmes de vie privée et on n'a pas envie d'envoyer nos données à Facebook.
[Aeris] ou autre, et donc du coup, à certaines instants, on se dit de bloquer préventivement thread.
[Benjamin] Alors ouais, globalement moi je suis pas vraiment en accord avec tout ça, mais avant juste rappeler ce que c'est qu'un réseau fédéré. Je pense qu'un bon exemple pour comprendre ce que c'est, c'est le mail, puisque le mail qu'on utilise depuis très longtemps.
[Benjamin] presque un réseau fédéré dans le sens où je peux prendre une adresse
[Benjamin] ou au hasard Outlook.
[Benjamin] ou chez Wanadu, ou Caramail.
[Aeris] ou son propre domaine.
[Benjamin] ou me monter mon propre serveur de mail et que tous les utilisateurs de tous ces serveurs vont pouvoir dialoguer entre eux et que le mail va aller d'un point A à un point B ou qu'il soit.
[Benjamin] Alors je dis presque parce qu'aujourd'hui on a une certaine hégémonie des deux plus gros que j'ai cités.
[Benjamin] tendance à essayer de redéfinir les règles du jeu et ça c'est un vrai vrai souci mais
[Benjamin] En tout cas on voit bien l'idée que le mail est un réseau fédéré. Il y en a un autre aussi que moi j'aime bien prendre en exemple, c'est le SMS.
[Benjamin] puisque je peux être chez n'importe quel opérateur et d'ailleurs avoir n'importe quelle marque de téléphone.
[Benjamin] et si je file mon numéro à un autre utilisateur, il va pouvoir m'envoyer un message.
[Benjamin] On a vu que quand Apple a lancé ses iPhone ils ont sorti iMessage qui pour le coup était pas du tout fédéré.
[Benjamin] puisque iMessage ne pouvait arriver que sur un autre iPhone. Alors ils ont mis des passerelles pour convertir les messages iMessage en SMS, mais du coup on perdait et puis on n'avait plus les messages.
[Benjamin] enfin il y a des messages verts et bleus
[Benjamin] Globalement, on voit bien l'intérêt d'avoir...
[Benjamin] tout comme le SMS, on imagine si au moment de la mise en place du téléphone on avait dit ah bah non désolé il y a plusieurs opérateurs et si vous avez pas...
[Benjamin] Si votre correspondant n'est pas chez le même opérateur, vous ne pouvez pas l'appeler. C'est pas possible.
[Benjamin] Bah aujourd'hui les réseaux sociaux en dehors du Fédiverse, alors moi je dis Fédiverse, je dis pas Fédiverse, parce que ça évite de confondre avec le Fédiverse.
[Benjamin] sur les réseaux sociaux, et bien si on est sur...
[Benjamin] réseaux sociaux différents, on ne peut pas se voir, on ne peut pas s'entendre, on ne peut pas se parler.
[Aeris] Sauf avoir des passerelles, il y en a qui existent mais effectivement normalement vous ne pouvez pas communiquer si vous êtes sur Twitter, vous ne pouvez pas communiquer avec quelqu'un sur Mastodon, ou sur Threads, ou sur Facebook.
[Benjamin] Et du coup, on se retrouve très souvent à voir des logiciels qui font du multipost pour que...
[Benjamin] si moi je veux pousser du contenu et qu'il arrive sur plusieurs réseaux sociaux différents, et ben en fait...
[Benjamin] le logiciel va simuler N posts sur N réseaux sociaux et puis après, si je veux avoir toutes les réponses, il va falloir les réagréger.
[Benjamin] c'est quand même pas très très optimum comme manière de faire et il y a une raison au fait que les réseaux sociaux, en tout cas ce qu'on connaît, depuis le début du 21e siècle, n'étaient pas fédérés.
[Benjamin] c'est parce qu'ils sont beaucoup plus faciles à monétiser.
[Aeris] Bah c'est ça, quand vous avez un réseau fédéré, vous contrôlez pas en fait qui va poster...
[Aeris] et comment je peux récupérer de la pub dedans. Parce que si j'ai ma propre instance, ce serait assez facile de dire en fait je vais pas t'envoyer d'argent sur le contenu que moi je fais, je vais pas rémunérer ou je vais pas dépenser d'argent dessus.
[Aeris] Et donc du coup, un réseau fédéré effectivement beaucoup plus difficile à monétiser. On peut juste faire de la publicité éventuellement, mais pareil c'est difficile parce que même en poussant de la pub, sinon sur le contenu en lui-même, mais je peux pas faire comme Twitter en mettant une bande rôle de pub en plein milieu des messages parce que du coup je contrôle pas les instances qui vont recevoir la publicité et qui pourraient la virer de toute façon.
[Benjamin] En fait les opérateurs s'étaient mis d'accord, c'est celui qui aimait qu'il paye, encore que même pas aux Etats-Unis, sur les téléphones mobiles, celui qui recevait l'appel pouvait être amené à payer.
[Benjamin] et c'est même encore le cas quand on est en roaming parfois. Mais donc il y a des accords, mais il y a une facturation soit au message, soit à la minute, ce qui n'est pas le cas sur les réseaux sociaux, en fait on n'a jamais pris l'habitude de payer pour poster un tweet.
[Benjamin] Et ce qui est peut-être un problème d'ailleurs, parce que ça...
[Benjamin] Ça permet de limiter le spam, la modération de payer à l'acte.
[Benjamin] En tout cas aujourd'hui on l'a pas et on leur a pr...
[Benjamin] probablement jamais, même s'il y a des initiatives qui essayent de faire payer...
[Benjamin] par cryptomonnaie ou par micro paiement les messages pour essayer d'avoir des réseaux plus sains. En tout cas on n'y est pas et c'est pas le propos aujourd'hui.
[Benjamin] Et donc...
[Benjamin] On disait que Threads a voulu se connecter, ou en tout cas s'est connecté aux faits diverses grâce au protocole Activity Pub.
[Benjamin] Alors en France c'est pas disponible, en Union Européenne c'est pas disponible.
[Aeris] Non, il y avait justement des problèmes du RGPD parce que du coup, Threads se retrouvait un peu bloqué. S'il se connectait avec des instances européennes, le RGPD s'appliquait à eux et du coup, tous les problématiques de contrôle de la vie privée, de respect, de pas publicité, etc. Du coup, ils avaient un business model qui n'était plus vraiment viable. Du coup, ils ont dit, on se fédère pas avec les réseaux européens.
[Benjamin] Et surtout avec les utilisateurs, puisqu'on a vu que le RGPD concerne l'Europe, mais aussi les Européens.
[Aeris] Mais ils se sont aussi fait bloquer du coup par Mastodon et le Fediverse de l'autre côté parce que du coup le Fediverse et Mastodon ne voulaient pas de thread dans le réseau. Et il y a eu un grand débat en interne, enfin en interne, pas vraiment en interne du coup puisque c'est des débats très fédérés aussi, de savoir est-ce qu'il fallait autoriser ou pas et du coup chaque instance a pris en son âme et conscience la décision de bloquer ou non thread.
[Benjamin] Oui alors si chaque instance le décide après tout elle fait ce qu'elle veut.
[Aeris] Ouais alors, ça peut être un peu plus compliqué que ça parce que le fait d'avoir des instances, c'est-à-dire que les administrateurs décident aussi pour leurs utilisateurs. Et donc les utilisateurs, c'était pas des décisions collégiales, c'est-à-dire qu'on n'a pas demandé à tous les utilisateurs « ben qu'est-ce que tu veux faire dessus ? » C'est les administrateurs ont décidé, à la place de leurs utilisateurs, est-ce qu'ils autorisaient ou pas.
[Benjamin] Oui mais encore une fois, si tu t'administres une instance, à priori c'est toi qui la paye, tu fais bien ce que tu veux
[Benjamin] Dans la mesure où tu es transparent, où tes utilisateurs savent ce que tu fais, quelle est ta ligne directrice, et s'ils ne sont pas contents, ils vont voir ailleurs.
[Benjamin] quand tu prends une adresse mail chez un certain provider d'email, tu lis les CGU, tu vois ce qui t'offre, quels sont les services qui sont à ta disposition, et puis si ça ne va pas, tu vas ailleurs.
[Benjamin] Pour moi, une instance d'un réseau social sur le Fédiverse, c'est pareil.
[Benjamin] Alors si tu le sais pas là ça peut être problématique.
[Benjamin] si tu le sais, et puis si ça te va pas en plus, encore une fois le code de Mastodon il est libre, n'importe qui peut monter son instance et puis ce, enfin techniquement en tout cas.
[Benjamin] et puis se connecter aux faits divers et après accepter de parler à qui il veut.
[Benjamin] et à se rèd' si l'on a envie.
[Aeris] Après ça a été compliqué justement, ça faisait partie des débats. En théorie mastodon, il Fédiverse en général, présente que vous êtes libre de pouvoir quitter une instance pour aller sur une autre si jamais la décision de votre administrateur vous convient pas. Sur le papier c'est vrai.
[Aeris] En pratique c'est un peu compliqué parce qu'en fait le transfert de données est possible d'une instance à l'autre mais uniquement sur les données de votre profil, c'est à dire...
[Aeris] votre nom, votre prénom, votre pseudo, votre adresse mail, la liste des followers que vous avez, des listes de blocage, etc. Mais pas le contenu. Et donc du coup, si vous aviez une instance qui est un peu importante, ou que vous tenez à votre contenu, vous êtes bloqué avec votre instance de départ, parce que vous ne pouvez pas transférer le contenu sur une autre instance.
[Aeris] Et ça c'est assez problématique.
[Benjamin] C'est pas comme en téléphonie où on a un RIO et puis le RIO en gros permet de tout migrer ou les messages en fait on les a en local sur son téléphone donc c'est pas très grave. Là comme l'intégralité de mes contenus est sur la plateforme sur l'instance...
[Benjamin] je vais avoir du mal à tout récupérer et surtout à le faire de manière transparente.
[Aeris] de manière transparente, et aujourd'hui en tout cas le mastodon ne fonctionne pas du tout bien.
[Aeris] Y'a déjà eu une dans la pratique, ça marche pas.
[Benjamin] Dans la pratique on peut le dire, déménager un compte ça marche assez mal et il faut du coup s'en recréer un nouveau et puis dire à tout le monde j'ai changé d'adresse quoi.
[Aeris] C'est ça, et on a même fait des tests. Donc déjà, le contenu, la plupart du temps, ça ne fonctionne pas. Et même sur les followers et les followings que vous avez, vous en perdez. Souvent, il y a eu encore l'autre jour quelqu'un qui a dit « bah j'ai eu déménagement d'instance, mais j'en ai plein, j'en ai perdu au passage en fait. » Et donc du coup, bah il faut que vous interveniez manuellement sur vos comptes. Globalement, comptez pas vraiment sur la migration d'instance pour vous sauver les miches, quoi.
[Benjamin] Ouais, c'est prévu mais c'est perfectible. On a parlé de threads qui rejoignaient le Fédiverse, ou qui en tout cas...
[Benjamin] essayer de le faire. Il y a d'autres services qui ont essayé avec plus ou moins de succès et donc plutôt moins de rejoindre le Fédiverse.
[Aeris] Alors il y a eu quelques tentatives en particulier d'extrême droite. Il y a eu donc Gab et Trouche Social qui est fait... donc Gab était une instance d'extrême droite.
[Aeris] Vraiment du contenu, je vous déconseille d'aller voir sur Gab, c'est vraiment du nazi pur et dur, bien de la violence de partout, du racisme, enfin le...
[Benjamin] on est dans le premier amendement dans sa plus pure forme.
[Aeris] Oui, c'est ça, c'est 13 américains et True Social qui a été lancé par Donald Trump pour faire sa propagande et sa communication aussi. Et donc les deux-là ont essayé de s'intégrer dans le Fédiverse. Donc Gab s'est fait plus que moyennement accueillir à bras ouverts. Donc en gros, il a été censuré d'à peu près partout du réseau parce que...
[Benjamin] Alors il a pas été censuré dans le code source de Mastodon carrément ?
[Aeris] Alors c'est là où ça a été problématique, c'est que du coup on a vu... Alors dans Mastodon, certains administrateurs d'instance, voire certains logiciels... Alors je ne crois pas que c'était le cas de Mastodon, mais on fait le choix de bloquer Gab directement dans le code source, c'est-à-dire que si un message arrivait de Gab, c'était bloqué. Donc les administrateurs ne pouvaient pas décider de contourner ça.
[Aeris] Et après ça a été un peu l'escalade, c'est à dire qu'ils se sont retrouvés à bloquer les instances qui refusaient de bloquer Gab, ils se sont retrouvés à bloquer les logiciels qui refusaient de bloquer Gab. Ça a été un peu la foire à la saucisse et pour le coup sur des décisions qui étaient vraiment plus que critiquables puisque ça s'est arrivé en gros à l'équivalent de on va bloquer Firefox parce que Firefox vous permet de vous connecter à un site d'extrême droite. En gros ça revenait à ça ce qu'ils avaient décidé. Donc les décisions étaient un peu un peu bizarres quoi.
[Benjamin] Ouais, je valide pas la comparaison mais globalement on comprend l'idée.
[Benjamin] Alors il me semblait que Gab avait été blacklisté dans le code source de Mastodon alors je confond peut-être avec truth.social
[Aeris] Non, non, je sais que Gab avait été blacklisté dans un code source, mais je sais plus si c'était Mastodon ou pas, mais...
[Aeris] Ce sera à vérifier en tout cas.
[Benjamin] Parce que pour le coup, moi je suis pas sûr que ce soit...
[Benjamin] la responsabilité de la personne qui développe la plateforme de dire est-ce qu'on a le droit de lire ou pas lire, surtout que la législation c'est pas la même dans tous les pays et que l'outil permet de bloquer qui on veut.
[Aeris] Oui, puis c'est surtout la porte ouverte à peu près n'importe quoi. Autant gab, il y a assez peu de doute sur est-ce qu'il faut bloquer ou pas quand on est administrateur.
[Aeris] même si ça lève des questions d'éthique de est-ce qu'on peut bloquer préventivement sans avoir même vu le contenu, c'est à dire que juste parce que l'instance existe, je la bloque d'avance. Et surtout, où est-ce qu'on s'arrête en fait, parce que du coup là où je ne vais pas être d'accord avec les développeurs de Mastodon ou d'autres logiciels du Fédiverse.
[Aeris] ou est-ce qu'on s'arrête ? Est-ce que l'extrême droite, ok, mais est-ce qu'un truc un peu moins extrême droite, ça va être ou extrême gauche et un contenu, on a beaucoup de débats en ce moment par exemple anti-nucléaire et pro-nucléaire dans le Fédiverse, est-ce que du coup on va aller bloquer reporter ou au contraire le JEC fonctionne dans quel endroit on est ? Donc ça a levé beaucoup beaucoup de questions comme ça sur la gouvernance en général du Fédiverse.
[Benjamin] Ouais ouais. Personnellement, je pense que le rôle de la plateforme, c'est d'être agnostique quant au contenu.
[Benjamin] mais de fournir des outils qui permettent aux administrateurs qui sont légalement pénalement responsables.
[Benjamin] de faire leur choix en à mes consciences.
[Benjamin] Bon et alors tout ça ne nous dit pas comment est-ce qu'on fait pour rejoindre Mastodon ?
[Aeris] Pour rejoindre Mastodon, c'est joinmastodon.org. Vous avez un site où vous avez...
[Benjamin] Je vais le redire joinmasterdon.org
[Aeris] Ouais, si t'es avec l'accent anglais ça va mieux.
[Benjamin] je suis complètement bilingue.
[Aeris] Et en fait ça va vous arriver justement sur une instance, et c'est un peu le problème aussi de pourquoi ça marche pas très bien sur Mastodon, il Fédiverse en général. Vous allez arriver sur une liste en fait des instances qui existent.
[Aeris] Il va falloir que vous en fassiez le choix. Aujourd'hui il y en a plus de 4000.
[Benjamin] Alors c'est pas que ça marche pas bien, c'est que...
[Aeris] Vous êtes perdus.
[Benjamin] Ça marche pas bien dans le sens où il n'y a pas un million de nouveaux abonnés par jour.
[Aeris] Oui, ça fonctionne mais du coup les gens, enfin des personnes qui sont peu habituées à l'informatique ou à comment ça marche, vont pas comprendre, en fait vont arriver devant un site qui dit bah voilà, vous avez 4000 instances à disposition, il y en a qui sont français, espagnol, anglais, machin, vous avez du coup dû, vous pouvez trier par contenu, est-ce que vous voulez des instances généralistes, est-ce que vous avez des instances orientées plutôt LGBT, orientées plutôt sciences, orientées politiques, orientées journalisme, etc. Il faut trouver votre instance de départ.
[Benjamin] En fait il faut trouver son instance de départ et ça, bah du coup ça demande un effort, qu'on n'a pas à faire sur un réseau social fermé, hein, en silo.
[Benjamin] ou on va sur la page d'accueil du site et puis on crée son compte là. Il faut commencer par aller sur un annuaire qui va lister l'ensemble des instances disponibles.
[Benjamin] par langue, par thème et que je choisisse par où je vais rentrer dans le Fédiverse.
[Aeris] Et en sachant qu'il faut tenir compte aussi de choses qu'ils ne vous disent pas, c'est par exemple quelle va être la pérennité de l'instance, puisqu'on a vu beaucoup d'instances, en fait des instances « ça va, ça vient tous les jours », est-ce que les gens vont pouvoir les maintenir suffisamment longtemps, est-ce qu'ils vont avoir les moyens de financer les serveurs derrière, et on a vu des instances qui ont fermé du jour au lendemain parce que l'administrateur avait juste plus d'argent.
[Aeris] et du coup vous vous retrouvez piégé avec vos contenus qui n'ont plus envie et vous vous retrouvez de piégés à devoir migrer votre contenu donc vous ne pouvez pas migrer votre contenu complètement et donc c'est des questions si à choisir et à se poser
[Benjamin] Oui mais ça quand on a l'habitude de Google qui ferme tous ses services du jour au lendemain, on est rodé.
[Aeris] Oui, mais on est rodés, mais c'est des questions qu'on se pose quand même très peu. Et c'est des questions que... Ouais, c'est certain. Et typiquement, il vaut mieux aller sur des grosses instances où vous allez savoir que ça va très certainement tenir dans la durée, plutôt que sur une instance où il y a 5 personnes et où ça va mourir dans 2 mois.
[Benjamin] Moi j'avais un compte Google Wave, j'avais un compte Google Plus, et ben... Mon contenu, il est perdu.
[Aeris] En tout cas, c'est des choses, c'est des questions à se poser et voilà.
[Benjamin] Oui, c'est à dire que, en fait, quand on arrive sur johnmastodon.org, on voit tout de suite quelles sont les langues des instances, on voit quelles sont les thématiques, parce que ce qu'on n'a pas dit, c'est que quand on arrive sur Mastodon, il y a les utilisateurs qui sont proches, c'est à dire ceux qui sont sur la même instance que moi, donc que je vais voir.
[Benjamin] que ceux qui sont sur des instances plus éloignées.
[Benjamin] Donc ça c'est plutôt pas mal parce que ça permet de voir du contenu qui a priori m'intéresse plus.
[Benjamin] Mais ce qu'on voit pas c'est ben est-ce que je suis sûr que l'instant sera encore là dans un an ou dans dix ?
[Benjamin] Et puis aussi, on l'a évoqué, comme on peut au niveau de l'instance bloquée, des instances bloquées des utilisateurs, c'est quelle est la politique de filtres et de censure appliquée par cette instance. Ça, on le voit quasiment pas.
[Aeris] Alors vous pouvez le voir, si les instances font bien le boulot, vous pouvez voir les blocages qui sont effectués. Normalement il y a une liste publique, si vous allez dans le e-bout de l'instance, vous avez la liste des instances bloquées. Mais c'est vrai que toutes ne le publient pas et toutes les entrées à l'intérieur ne sont pas forcément publiques non plus. Et donc des fois c'est difficile de savoir exactement quelle va être la politique de l'instance. Et du coup, bah là c'est un peu du boucher à oreille, il faut un peu aller voir à droite à gauche, essayer de se faire un peu une opinion. Mais du coup c'est avant de rentrer dans le réseau quoi.
[Benjamin] De toute façon, en général, même pas en général, toutes ces plateformes-là, elles sont gratuites.
[Benjamin] Il n'y a à ma connaissance pas d'instance Mastodon qui fait payer la création de compte.
[Aeris] Je crois pas, non. J'en ai pas vu.
[Benjamin] Et du coup, il faut créer un compte, deux comptes, trois comptes, et puis vous testez, vous regardez, vous voyez comment ça réagit. Et puis, s'il faut, vous fermez les comptes que vous utilisez pas.
[Aeris] Et rien ne vous empêche déjà de commencer peut-être sur une instance généraliste. Donc les plus grosses aujourd'hui, c'est Mastodon.social qui a été maintenu par le concepteur initial de Mastodon. En France, il y a Mamot, qui est géré par l'Aquadratur du Net.
[Aeris] et piai.fr qui est une deuxième instance gérée aussi par des gens proches de LQDN. Il y a Framapiaf qui est géré par Framasoft. Voilà des instances comme ça normalement vont pas disparaître du jour au lendemain. Il y a quand même une grosse communauté dedans. Des règles de modération qu'on connaît plutôt propres. Et donc normalement vous aurez beaucoup moins de problèmes qu'à d'aller sur des petites instances très spécialisées.
[Benjamin] l'après aussi à une instance. Alors après il y a un dernier paramètre qu'on n'a pas évoqué c'est que les instances plus elles sont d'utilisateurs plus ça coûte cher et plus ça prend du temps et c'est compliqué à maintenir donc toutes les instances ne permettent pas de se créer un compte
[Aeris] Voilà, il y a aussi beaucoup d'incenses qui sont non ouvertes à inscription, ou inscription seulement sur invitation. Et donc là, normalement sur Jogmas to Don, vous n'avez que les instances publiques. Donc normalement, toutes celles qui sont présentées là prennent les inscriptions.
[Benjamin] Mais ça peut changer aussi du jour au lendemain, ça peut se fermer, ça peut se rouvrir...
[Benjamin] Ok, donc on comprend quand même pourquoi est-ce que les gens disent « ah bah ça donc c'est compliqué » En fait c'est compliqué tant qu'on n'a pas testé donc c'est comme le vélo, faut tester et puis si ça marche pas et ben on remonte et puis on finit par trouver
[Benjamin] et donc le Fédiverse qui est représenté essentiellement par Mastodon
[Benjamin] N'est pas le seul réseau social fédéré qu'on connaît aujourd'hui. Il y en a un qu'on a évoqué en tout début d'émission qui s'appelle Blue Sky.
[Benjamin] Alors Blue Sky ça fonctionne comment ?
[Aeris] BlueSky, c'est un peu le même principe que le Fédiverse avec Mastodon. C'est des serveurs instantiés, c'est pareil, c'est des instances que vous pouvez monter, chacun des composants de BlueSky, vous pouvez les monter par vous-même. La grosse différence aujourd'hui, c'est qu'il y a très peu d'instances. C'est surtout des instances qui sont contrôlées par BlueSky, l'initiateur de ce réseau-là.
[Benjamin] Blue Sky qui a été monté par ...
[Aeris] par Jack Dorsey qui est un ancien, enfin même le fondateur de Twitter. Mais aujourd'hui il est parti, alors il y en a beaucoup qui l'agitent en épouvantail en disant regardez c'est Dorsey, donc du coup attention ça risque d'être un Twitter bis. Il est quand même parti depuis très longtemps, il fait plus rien du tout là dedans et donc en fait...
[Benjamin] Ouais il fait plus rien du tout là. D'ailleurs je pense que son...
[Benjamin] Il s'est donc intéressé de Blue Sky quand il a commencé à s'intéresser à Nostur, qu'on a évoqué.
[Aeris] Oui c'est ça. Et en fait aujourd'hui il est vraiment plus dedans, c'est plus du tout lui qui décide et donc du coup il faut arrêter de lui dire... il faut arrêter de le mettre en épouvantail à la JT à chaque fois qu'on parle de BlueSky. Mais aujourd'hui effectivement BlueSky est encore relativement centralisé au sens où il y a très peu d'instances qui n'appartiennent pas à BlueSky, mais n'importe qui peut monter ses propres instances. Tout le code est ouvert, libre.
[Aeris] vous allez pouvoir mettre vos données à l'intérieur, du coup en dehors complètement de Blue Sky et tout est complètement fédéré.
[Aeris] Mais aujourd'hui c'est vrai que la grande tendance, et c'est ce qui simplifie aussi l'entrée dans le réseau, c'est que c'est géré par Blue Sky. Vous allez sur bluesky.app enfin bluesky.app et là vous allez faire une inscription totalement standard, créer un compte sur Blue Sky par défaut. Mais il y a une petite option quand même pour vous dire si jamais vous êtes auto hébergé, vous pouvez quand même nous rejoindre en s'inscrivant sur votre instance et en rejoignant le réseau.
[Benjamin] Alors moi quand j'ai rejoint Blue Sky, à l'époque c'était encore sur invitation, j'ai coché ça, j'ai dit non non, attendez moi je sais faire.
[Benjamin] Et puis en fait non je suis revenu en arrière et j'ai dit non finalement non
[Aeris] Oui, alors c'est un peu plus compliqué effectivement que le Fediver. Le Fediver, souvent les logiciels en fait, c'est l'avantage et l'inconvénient en fait entre les deux. Le Fediver fait le choix de tout intégrer dans un seul logiciel. C'est à dire que quand vous installez Mastodon, ça vient avec l'interface graphique, le système de stockage, la fédération, tout est clé en main. BlueSky a fait le choix de tout découper en sous-partie.
[Aeris] Et donc du coup il y a un logiciel à faire tourner pour les interfaces graphiques, un logiciel à faire tourner pour la partie stockage de données, un logiciel pour la partie communication réseau, et donc du coup vous allez avoir plusieurs sous composants à installer.
[Aeris] Vous pouvez choisir de tout auto-héberger, de ne rien auto-héberger ou un seul, mais du coup, effectivement, il y a plus de boulot à faire si vous voulez vous auto-héberger de A à Z.
[Aeris] Donc effectivement c'est un peu plus compliqué mais c'est pas non plus hors de portée. Si vous essayez d'installer votre prod Mastodon, je pense que vous allez avoir des petits problèmes.
[Benjamin] Peut-être. En tout cas, moi ça m'a paru beaucoup plus compliqué.
[Benjamin] Il y a un truc que moi j'aime beaucoup sur Blue Sky c'est qu'on peut choisir son identifiant.
[Aeris] Oui, alors c'est aussi un choix qu'ils ont fait, c'est de décorrêler justement l'identifiant que vous avez avec les lieux de stockage, etc. Ce que vous ne pouvez pas faire avec Mastodon.
[Aeris] ou avec le Fédiverse en général, si vous êtes sur ma saut non point social, vous ne pouvez pas changer en disant je me déplace sur un autre instant si je garde le même le même non.
[Benjamin] Ce qui est le problème qu'on a évoqué.
[Aeris] Voilà, du coup je suis obligé de changer carrément mon nom de domaine. Mon nom change quand je change l'instance. Alors que sur BlueSky, votre nom est figé définitif. Enfin vous pouvez changer bien entendu, mais si jamais vous transférez vos données ou vous changez d'instance, vous partez avec et donc du coup l'intégralité des liens en fait et c'est pour ça que vous ne perdez pas votre contenu non plus puisqu'en fait c'est vraiment tout le bloc qui est lié à votre identité. Et c'est juste un nom qu'on a mis sur l'identité et du coup ça pose pas de problème du tout.
[Benjamin] Et du coup, comme un Rio en téléphonie, je peux changer d'opérateur et garder le même nom. Mais ce que je voulais dire en plus, c'est que...
[Benjamin] comme on peut parfois choisir son numéro de téléphone, on peut choisir...
[Benjamin] identifiant alors on a tout choisi un identifiant sur facebook sur twitter
[Benjamin] ces choses là mais là surtout on peut choisir un identifiant sur son propre nom de domaine.
[Aeris] Oui, on peut mettre son propre nom de domaine et...
[Benjamin] Puisque les identifiants BlueSky sont en Bsky.Social je crois.
[Benjamin] mais si on a un nom de domaine, on peut utiliser son nom de domaine, c'est super facile à configurer alors faut juste avoir créé une entrée DNS mais...
[Benjamin] c'est relativement simple, ça prend quelques secondes, voire quelques minutes si on le fait pour la première fois.
[Benjamin] Il y a un avantage incroyable, c'est que...
[Benjamin] Moi par exemple sur Blue Sky, mon identifiant c'est benjamins-belamy.fr
[Benjamin] et c'est mon nom de domaine et personne d'autre peut me le chipper et ça garantit quelque part mon identité.
[Aeris] Ça, en fait, ils ont arrêté... Ça a été aussi pensé pour ça. C'est la notion de certification qui avait aussi posé beaucoup de problèmes, en fait, avec Twitter. Puisque si vous vouliez la pastille bleue, donc à une certaine époque, c'était juste un contrôle de réputation que vous aviez.
[Aeris] Mais donc il fallait une certaine réputation sur internet, il fallait être une personne reconnue pour avoir la pastille. Mais depuis l'ère Musk, vous avez juste à faire un chèque et vous avez la pastille bleue. Et donc n'importe qui pouvait maintenant... Ça n'a plus aucune valeur alors que là du coup le choix de Blue Sky a été de dire on ne pourra pas faire de certification puisque de toute façon on est fédéré etc. et donc votre nom sera vraiment votre nom de domaine et c'est la propriété du nom de domaine qui fera que vous êtes bien la bonne personne.
[Aeris] Et donc du coup effectivement moi j'ai aussi mon propre si vous avez aires.eu.org a priori il y a assez bien moi et donc ça le fait de pouvoir choisir ce nom là vous permet aussi de certifier votre identité si vous voyez un journaliste de Mediapart je crois que Mediapart avait commencé à faire ça bah du coup vous aviez bien des handle blue sky en .mediapart.fr et donc vous saviez bien que vous aviez un vrai journaliste qui travaille bien là bas et approuvé par Mediapart
[Aeris] et n'importe qui pourrait faire ça pour les journaux du Monde par exemple ou autre, on pourrait arriver à ce genre de système auto-certifiant et sans dépendre d'un tiers de confiance qui fasse la certification.
[Benjamin] mais alors c'est aussi possible dans le Fédiverse dans le sens où
[Benjamin] Sauf que je suis obligé de m'installer
[Aeris] Bah c'est ça, ils sont obligés d'installer pour la propre instance et encore une fois, le jour où ils veulent déménager, c'est compliqué.
[Benjamin] De la même manière qu'on va reprendre l'exemple de Mediapart, une adresse email at mediapart.fr, du coup ça garantit l'identité de la personne que j'ai derrière. Sur le Fédiverse, je peux le faire, mais ça nécessite d'installer sa propre instance et il me semble bien que Mediapart...
[Benjamin] installer sa propre instance.
[Benjamin] et pour le coup moi je trouve ça vraiment chouette
[Benjamin] Sur BlueSky ça va plus loin parce que même si j'ai pas installé mon instance, je peux utiliser quand même mon nom de domaine pour certifier mon identité.
[Aeris] Oui, c'est ça, on n'a pas besoin de s'héberger. Alors après, sur le Fédiverse, on pourrait, techniquement en tout cas, on pourrait ne pas avoir à héberger sa propre instance. Mais aujourd'hui, je crois qu'il n'y a aucun logiciel qui a été conçu et prévu pour gérer ce cas-là. En théorie, en tout cas, c'est possible. Mais voilà, c'est pas fait, quoi. Et c'est pas prévu de base. Ce serait assez compliqué à faire en pratique.
[Benjamin] Dans les fonctionnalités et surtout l'état d'esprit global de Blue Sky, il y a des trucs qui sont quand même assez importants à noter.
[Benjamin] Je pense que l'une des premières choses qu'on découvre quand on arrive sur Blue Sky, c'est les listes.
[Benjamin] et la possibilité de s'abonner à une liste, donc n'importe qui peut créer une liste.
[Benjamin] d'utilisateurs, alors en général c'est des listes qui sont thématiques.
[Benjamin] Liszt-Furthous n'aurait pas beaucoup d'intérêt ça si dit.
[Benjamin] et du coup ça va permettre de se recréer
[Benjamin] ses abonnements par thème.
[Aeris] C'est ça et ils ont aussi inventé ce qu'ils appellent les starter kits. Où en fait chaque personne du réseau peut dire ben voilà, en fait je mets un starter kit, si vous me suivez, je vous recommande ces personnes là que moi j'aime bien, etc. Et donc du coup les personnes que vous aimez vous vont vous proposer d'autres personnes à suivre. Et après vous pouvez effectivement faire des listes thématiques. Vous faites une liste, parce que vous aimez la boulangerie, vous faites une liste avec des boulangers ou des recettes de boulangerie. Si vous aimez la voiture, vous pouvez faire des...
[Aeris] des listes de bagnoles ou des listes de sciences ou des listes de journaux etc. Et donc il y a vraiment des listes un peu partout dans Blue Sky.
[Benjamin] Si je reprends Mediapart, on n'a pas d'action chez eux. Mais par exemple, sur le compte principal de Mediapart, j'ai une liste, un starter kit avec...
[Benjamin] tous leurs journalistes.
[Benjamin] qui permet de tous les suivre d'un coup.
[Benjamin] une fonctionnalité qui est assez intéressante, qui est un peu polémique en ce moment, mais qui est quand même néanmoins intéressante.
[Benjamin] c'est qu'on peut également choisir de bloquer.
[Aeris] Toute la liste.
[Benjamin] ce qui permet de faire des listes de blocages.
[Aeris] Voilà. Et typiquement, alors c'est la grosse différence entre Mastodon et Blue Sky, enfin le Fédiverse et Blue Sky sur ce sujet là, c'est un peu la foire d'empoigne côté Mastodon et le Fédiverse en général sur la notion de liste.
[Aeris] Les administrateurs ont tendance à avoir la main très lourde à faire des blocages sanctions, on va dire, ou voire provocations. Donc il y a des listes avec des noms qui sont... enfin c'est des noms d'oiseaux qui volent dans les listes, c'est des notions de blocages qui sont diffamants, qui pourraient même valoir des condamnations en justice par ceux qui les mènent, que ce soit au pénal pour de la diffamation ou pour des problèmes de RGPD.
[Aeris] avec du coup vous taguez des personnes qui ne devraient pas avec ces noms là. Voilà, lise nominative en tout cas sur des instances à quelques personnes, du coup ça devient des lises nominatives. Et Blue Sky a annoncé au contraire, pas plus tard, de Gikku et de la semaine dernière.
[Aeris] qu'ils faisaient attention à ça, qu'ils allaient prendre des mesures pour éviter les propos diffamants qu'ils calomniens dans les listes, qu'ils déconseillaient très fortement aux gens de mettre n'importe quoi dedans.
[Aeris] Ne faites pas comme le Fédiverse, par exemple ne faites pas une liste marquée nazie dessus, hein. Vous allez vous faire atomiser par les modérateurs de Blue Sky. Et donc ils ont... ils vont essayer de respecter. Alors, ça me rappelle énormément ce qui s'appelle les Santa Clara Plum Principle.
[Aeris] qui est une liste de règles de modération qui a été réfléchie par des associations et des militants justement sur la liberté d'expression. Donc ça va être le FF, l'Electronique Frontière Foundation, Médecins Sans Frontières, Reporters Sans Frontières, qu'on réfléchit à comment est-ce qu'on fait de la modération correctement. Et je trouve que les Blue Sky, je sais pas si c'est fait exprès ou pas, mais en tout cas se rapprochent énormément de ces principes-là.
[Benjamin] c'est probablement fait exprès.
[Aeris] Et du coup, honnêtement, c'est quelque chose que j'apprécie. Côté Blue Sky, ils disent bien que même la modération... On va modérer les modérateurs, ce qui n'existe absolument pas dans le Fédiverse. Et le Fédiverse, au contraire, considère que les administrateurs...
[Aeris] qui sont par la main des modérateurs, ont tout pouvoir et que c'est eux qui doivent tout décider.
[Benjamin] Ouais en même temps c'est eux qui payent.
[Aeris] Oui, c'est eux qui paient mais après il y a la côté fédération qui peuvent poser problème.
[Benjamin] Mais on comprend bien l'idée, c'est-à-dire que, ouais, on a vraiment l'impression que Blue Sky a été conçu et pensé.
[Benjamin] en tenant compte des erreurs qui avaient été faites sur Twitter évidemment mais aussi sur le Fédiverse.
[Aeris] Certainement, je sais pas s'ils regardent ça de près, etc. Mais c'est vrai que les erreurs, enfin en tout cas moi ce que je considère comme des erreurs, et ce que d'autres considèrent comme des erreurs sur le Fédiverse, ont été évitées côté Blue Sky.
[Benjamin] Ok. Alors néanmoins, moi, il y a quand même des reproches que j'ai à formuler envers Blue Sky. C'est que...
[Benjamin] Je trouve qu'en terme de transparence et de loyauté, c'est pas toujours nickel. Ben justement, par exemple, C-list...
[Benjamin] Elles sont publiques et d'ailleurs d'une manière générale tout est public sur blue sky on peut Tout ce qui est sur blue sky est visible sans même que j'ai à me créer de compte
[Benjamin] Donc si alors mon profil est public ça c'est...
[Benjamin] C'est expliqué de manière très explicite quand on crée son compte, il faut lire les CGU.
[Benjamin] En revanche, la liste des gens que je bloque, elle est publique aussi.
[Benjamin] la liste des followers, la liste si je fais une liste de blocage et en fait tout est public.
[Aeris] Oui, c'est vrai que ça mériterait peut-être d'être mis en avant. Alors les termes arrivent assez rapidement quand on lit la politique de confidentialité de... Non, non, j'allais mettre un mai. La liste est quand même... Enfin, les politiques de confidentialité est quand même une des mieux gaulées que j'ai pu voir sur le sujet. C'est pas les 400 pages de Facebook, mais par contre, il y a effectivement du mieux à faire. Ils disent par exemple, c'est quasiment la deuxième ligne ou la troisième ligne des CGU, c'est vos profils sont publics.
[Aeris] mais ils oublient peut-être de dire ce qui est exactement un profil et de dire qu'effectivement les blocages, les listes, tout ça fait partie du profil et donc que tout est public.
[Benjamin] Ouais parce que comme mon profil est public en fait je m'en doutais.
[Aeris] Oui oui.
[Benjamin] Par contre que les comptes que je bloque sont aussi publics, bah ça...
[Benjamin] c'est pas évident.
[Benjamin] que tout est public et d'ailleurs récemment ils sont un petit peu inquiétés parce que...
[Benjamin] en ce moment on a beaucoup d'IA partout et un dataset public comme ça c'est une véritable eubène
[Benjamin] pour entraîner des modèles.
[Aeris] Il y a eu d'ailleurs un mini scandale parce que pour le coup ça a été assez rapidement réglé et c'est aussi quelque chose qui est assez impressionnant côté Blue Sky. C'est effectivement une entreprise d'intelligence artificielle a dit « tiens j'ai pris des millions de postes sur Blue Sky et je les ai indexés dans mon intelligence artificielle pour entraîner mes modèles. » Et les gens lui ont dit « mais attends qu'est-ce que tu fais ? »
[Aeris] et l'entreprise a tout retiré dans les dix minutes qui ont suivi. Et honnêtement, je pense que c'est pas le genre de comportement que j'aurais vu sur du Twitter ou sur du Mastodon. On apprend des erreurs. On apprend des erreurs, mais du coup, qu'une entreprise comme ça d'IA fasse marche arrière en dix minutes, en s'excusant plâtement et en désendexant l'intégralité des données, je crois que je l'avais encore jamais vu.
[Benjamin] Alors ils ont désindexé les données, on ne sait pas s'ils ont vidé la corbeille.
[Aeris] Oui c'est ça, après on va leur faire leur bonne foi.
[Benjamin] Et puis surtout eux, ils avaient publié ça...
[Benjamin] Pour une qui l'a publié et qui a fait son mea culpa, il y en a combien qui le font en loose-d sans nous le dire.
[Aeris] En tout cas, assumer, même si c'est des fois pas forcément super clair, mais côté mastodon, il y a eu aussi beaucoup de problèmes de ce type-là où en fait le protocole, et en particulier quand ils ont essayé de normaliser le W3C, donc l'organisme de normalisation du web pour caricaturer un peu, ils ont voulu normaliser leur protocole Activity Pub.
[Aeris] et des chercheurs en sécurité leur ont dit votre protocole il est quand même pas fou en termes d'anonymat, en termes de protection des données, en termes de d'authentification, c'est pas forcément génial et donc du coup le mastodon permet quand même de récupérer des choses que les gens ne s'attendraient pas à ce qu'on puisse récupérer.
[Benjamin] Ouais.
[Aeris] Mais c'est moins public que Blue Sky, on est d'accord.
[Benjamin] c'est moins public et puis surtout c'est antérieur au boom de l'IA.
[Aeris] Oui oui oui, mais même avant il y avait déjà eu...
[Benjamin] C'est-à-dire qu'au moment où Activity Pub, les spécifications ont été publiées.
[Benjamin] on n'avait pas des sociétés qui aspirent des teraoctètes données pour entraîner des modèles.
[Aeris] Mais après, de toute façon, sur l'entraînement des modèles, par exemple, vos instances massotantes de toute façon sont scrapables sans aucun problème en récupérant l'intégralité de votre contenu. Et donc de toute façon, de ce côté là, il n'y a pas de problème. C'est sûr que c'est moins natif que...
[Aeris] que quand il y a juste à demander au PDS, file moi l'intégralité des données, mais on sait très bien faire ce genre de choses aussi avec mastodon. Et spoiler, moi j'ai mon ma propre instance du Fédiverse, donc c'est pas mastodon, c'est miski, mais bon ça change pas grand chose. Donc du coup je vois le trafic qui passe et je peux vous dire que les bots d'IA se goinfrent et donc c'est pas beaucoup plus c'est pas beaucoup plus visible côté mastodon que tout peut être aspiré et pour le coup il y a assez peu de warning que ça peut être le cas.
[Benjamin] Ouais, ouais, sûrement, mais encore une fois, c'est...
[Benjamin] ça a été pensé et conçu avant le boom de l'IA.
[Aeris] Avant l'arrivée de l'IA.
[Benjamin] Ce qui n'est pas une excuse mais qui pour le coup n'est pas du tout dans le cas de BlueSky parce que BlueSky est arrivé après le boom de l'IA.
[Aeris] Ils sont arrivés en 2019, c'était pas encore trop la panacée mais oui, ils auraient pu faire attention à ça. Mais après le protocole qu'ils ont choisi fait que c'est aussi difficile techniquement de se protéger contre ça. Et si tout est public, c'est aussi pour des raisons de protocolaire.
[Aeris] et que bah... mais je sais pas du coup lequel choisir entre un protocole qui est mal designé au niveau authentification etc et qui dit pas trop qu'on peut aller récupérer des données et quelqu'un qui dit bon bah en fait tout doit être public. Effectivement il manque peut-être un peu d'informations et des petites citations sur le sujet côté Blue Sky mais de toute façon quand vous faites un réseau social en particulier fédéré d'aller dire que vous arriverez à faire à protéger votre contenu d'attaquants c'est peine perdue en fait by design de toute façon vous allez devoir publier vos données à tout le monde donc voilà
[Benjamin] Il y a probablement des moyens de se protéger en comptant le nombre de requêtes par seconde, etc. Il y a des choses qu'on peut faire.
[Aeris] Oui mais ça c'est pas dépendant du protocole et ça c'est à chaque administrateur de mettre ça en place. Effectivement si vous voulez limiter les connexions pour éviter qu'on scrape vos profils, bah c'est faisable dans les deux mondes de toute façon.
[Benjamin] Oui et puis je pense qu'on va finir là dessus pour conclure, il y a quand même une chose que moi j'apprécie aujourd'hui sur Blue Sky c'est que
[Benjamin] on voit bien que c'est tout nouveau, donc c'est encore en évolution, et que globalement quand il y a des évolutions qui arrivent sur Blue Sky, elles vont plutôt dans le bon sens et que...
[Benjamin] probablement que ces choses-là vont trouver des solutions ou des solutions de contournement. Enfin, on peut espérer en tout cas que...
[Benjamin] que ce ne soit pas le Far West comme ça a pu l'être ailleurs.
[Aeris] Oui bah typiquement sur les contenus complètement publics, ils ont commencé déjà à faire des annonces comme quoi ils allaient restreindre certaines parties. Par exemple les messages privés, bon forcément ils sont privés donc du coup ont été dû être gérés différemment et ils ont dit bah potentiellement sur la liste de blocage ou les listes tout court, on va peut-être mettre en place des choses comme ça. Mais au niveau protocoles, c'est pas très simple et donc ils réfléchissent à mettre ça. Peut-être que ça arrivera un jour, on sait pas. En tout cas c'est des sujets sur lesquels ils sont préoccupés aussi et se posent des questions et c'est certainement les bonnes.
[Benjamin] et ben super, si il y a du nouveau on vous tiendra informé
[Aeris] Eh ben, merci à vous en tout cas.
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[Benjamin] Merci de nous avoir écouté et à la semaine prochaine !
[Aeris] Bonne semaine à tous !