[Benjamin] Bonjour et bienvenue pour ce nouveau numéro de RdGP, le podcast sérieux qui vous emmène au cœur des enjeux des droits numériques, des libertés individuelles et de la vie privée.
[Benjamin] Alors aujourd'hui, de quoi l'on nous parlait à Aeris ?
[Aeris] Eh bien, on va parler de libre.
[Benjamin] de libre, de libre, de logiciel libre j'imagine.
[Aeris] Bah bien sûr, le logiciel libre. Et bien, allons-y !
[Benjamin] Et bien allons-y !
[Benjamin] Alors, logiciels libres, logiciels libres, c'est quoi le logiciel libre ? Déjà, on parle de logiciels libres, de logiciels open source, de logiciels gratuits, tout ça c'est un peu la même chose, non ?
[Aeris] Alors c'est la même chose et pas la même chose en même temps, mais on va peut-être commencer déjà par faire un historique en fait de ce que... d'où vient le logiciel libre en fait.
[Aeris] Parce que ça a démarré plutôt dans les années 80.
[Aeris] où on s'est retrouvé avec un personnage qui s'appelle Richard Stallman, qui est un chercheur dans un laboratoire du MIT, et il est confronté à une imprimante. Il essaie d'imprimer des documents et ça juste marche pas.
[Benjamin] Alors ça je pense que tous on est confronté à des imprimantes tous les jours. Peut-être pas tous les jours maintenant parce qu'on les imprime de moins en moins mais...
[Benjamin] On s'est tous énervé sur une imprimante au moins une fois dans notre vie.
[Aeris] C'est ça, la grosse malédiction des imprimantes. Lui, il l'a vécu en fait. L'imprimante se bourrait tout le temps. Il y avait toujours un bourrage papier. À chaque fois, il fallait qu'il se déplace pour aller la débourrer. Et il a demandé au fabricant, en fait, du coup, est-ce que vous pouvez corriger le problème, en fait, et éviter que ça se bourre en permanence. Et le fabricant a rien fait. Et donc il en a commencé à en avoir marre. Et du coup, il a dit, c'est bizarre, cette imprimante, en fait, je peux rien en faire.
[Aeris] Alors il y a du logiciel dedans, il suffit juste de patcher le logiciel et le bourrage... C'était un problème logiciel. C'était corrigeable par logiciel. Il dit moi je suis un peu embêté parce que le fabricant me donne pas le logiciel et du coup je peux pas le corriger moi-même. Il veut pas le faire lui mais moi je peux pas le faire moi-même.
[Aeris] Et donc du coup il va lancer comme ça donc la Free Software Foundation et le GNU, le projet GNU en 83-84 autour justement du concept de l'informatique en général je dois pouvoir la contrôler, l'informatique ne doit pas me contrôler et du coup décide que d'établir quatre lois donc les quatre libertés du logiciel libre
[Aeris] qui permettent de garantir que l'informatique restera toujours sous le contrôle des humains et pas l'inverse.
[Benjamin] et donc c'est moi qui possède l'imprimante et c'est pas l'imprimante qui me possède
[Aeris] C'est ça.
[Benjamin] Alors, les quelles sont ces quatre lois ?
[Benjamin] du logiciel libre.
[Aeris] Alors du coup, la première des libertés, c'est... La plus importante, c'est que vous avez le droit d'exécuter. Donc c'est la liberté d'exécution, vous avez le droit d'exécuter comme vous voulez. Il n'y a pas de condition en fait à ce que vous ayez le droit d'exécuter un programme dont vous êtes le propriétaire. Ce qui paraît logique en fait, c'est pour ça que c'est un peu la base quand même des cas de liberté. Mais des fois, ce n'est pas toujours le cas. Il y a par exemple des usages, ce qu'on appelle interdire les usages commerciaux.
[Aeris] ou du coup si vous voulez faire de l'argent dessus, vous n'aurez pas le droit de l'utiliser. Il y a aussi le fameux logiciel, la licence Json, qui est un format de données et ils ont mis à l'intérieur vous n'avez pas le droit d'utiliser le logiciel pour faire le mal. Alors la définition de mal à l'appréciation de chacun. Mais si vous faites le mal vous n'avez pas le droit d'utiliser le logiciel. Et donc la liberté zéro interdit ce genre de critères. Vous avez tout le temps le droit d'utiliser un logiciel dont vous êtes le propriétaire.
[Benjamin] Donc la première liberté qui est numérotée 0.
[Aeris] Oui.
[Benjamin] On parle pas d'informatique pour rien.
[Benjamin] me garantit la liberté d'exécuter un programme.
[Aeris] C'est ça.
[Benjamin] Ok.
[Aeris] La liberté numéro une, ensuite, c'est la liberté d'étudier le fonctionnement. C'est un peu ce que se retrouvait avec Stallman dans son institut. C'est qu'il se retrouve avec une imprimante. Il y a le logiciel oui, mais je ne peux pas l'étudier parce que j'ai que le binaire. En fait, j'ai que le résultat. Je n'ai pas le code source. J'ai juste le résultat à la fin, le gros binaire. Et du coup, je n'ai pas la possibilité d'aller l'étudier correctement. Donc ça, ça vient en fait avec la publication du code source. C'est si vous avez le binaire, si vous avez le programme, vous devez avoir la manière dont il a été conçu, donc le code source.
[Aeris] pour pouvoir savoir comment il fonctionne exactement et être capable de le comprendre et...
[Benjamin] D'accord. Donc en fait c'est un peu la naissance du mouvement hacker et la possibilité de bidouiller. Je pense que hacker, la traduction française, c'est bidouiller, non ?
[Benjamin] et donc la possibilité d'ouvrir le moteur, de voir comment c'est fait et de pouvoir...
[Benjamin] l'adapter à mes besoins, c'est à dire le modifier. Et donc en informatique, concrètement, ça veut dire avoir le code source du logiciel pour pouvoir le modifier, puisque les logiciels général, ils sont édités dans des codes lisibles par des êtres humains.
[Benjamin] ça dépend lesquels mais en tout cas par quelques uns.
[Benjamin] puis compiler et le code une fois compilé, exécuté sur les ordinateurs, lui pour le coup il est comprensible que par des machines.
[Benjamin] c'est d'obliger dans le cadre du logiciel libre de fournir le code source. Et donc c'est là où on voit déjà une première différence entre logiciel open source et logiciel libre, c'est que open source...
[Benjamin] et bien en fait c'est la loi numéro 1, donc la deuxième puisqu'on est parti de 0 je vous le rappelle.
[Benjamin] open source ça correspond à la loi numéro un des quatre libertés.
[Aeris] Ensuite, donc, il y a la liberté numéro deux, c'est la liberté de redistribuer des copies.
[Aeris] Donc ça, une fois que vous avez en fait le code source, vous avez le droit de le modifier. Donc vous le comprenez puisque du coup la liberté numéro une vous autorise à étudier son fonctionnement. Vous avez le droit ensuite de recompiler le logiciel et de le redistribuer.
[Aeris] comme vous voulez, avec les mêmes libertés bien entendu, les libertés sont transitives, et donc vous avez le droit de recompiler, de redistribuer exactement de la même manière que quand vous avez vous-même pris contrôle du logiciel.
[Benjamin] D'accord et donc ça veut dire que...
[Benjamin] le logiciel qu'on m'a fourni, je peux le retransmettre à d'autres personnes.
[Aeris] C'est ça, on ne peut pas vous interdire, en particulier les entreprises, on ne peut pas vous interdire de redonner ce que vous avez acheté.
[Aeris] au titre de la propriété intellectuelle par exemple ou de la protection commerciale ou etc. A partir du moment où vous avez le logiciel, vous avez le droit de le donner.
[Benjamin] D'accord mais ça c'est indépendant des modifs que j'ai faits.
[Aeris] Oui oui c'est ça, avec ou sans les modifications. La liberté numéro 3, ça vient avec la liberté de distribuer aux autres des copies modifiées du logiciel. C'est à dire que la liberté 0, c'est vous la redistribuer à l'identique.
[Aeris] Et la liberté numéro 3, vous avez le droit de modifier le logiciel vous-même et de devenir éditeur en fait.
[Aeris] et d'en obtenir des copies, enfin d'en distribuer des copies à la fin.
[Benjamin] D'accord donc si je résume 0 j'ai le droit d'utiliser un programme
[Benjamin] 1. J'ai le droit de l'étudier et de le modifier.
[Benjamin] 2. J'ai le droit de le redistribuer et 3.
[Benjamin] j'ai le droit de l'améliorer et de distribuer ces améliorations, donc de redistribuer la bidouille que j'ai faite dans le cadre de mon imprimante qui avait des problèmes de bourrage papier.
[Benjamin] ça veut dire que liberté 0, bon moi j'ai le droit d'imprimer, liberté 1, j'ai le droit de corriger le firmware de l'imprimante pour qu'elle arrête ses bourrages papier.
[Benjamin] Liberté 2, ça veut dire que j'ai le droit de redistribuer le firmware de l'imprimante, je vois pas trop l'intérêt dans ce cas précis mais...
[Benjamin] on comprend que c'est important, et 3, j'ai le droit de redistribuer le firmware que j'ai modifié qui empêche les bourrages papier.
[Aeris] C'est ça et du coup dans le cas de l'imprimante de Stallman, Stallman aurait pu envoyer le firmware de l'imprimante à toutes les imprimantes et tous les labos qui auraient été dans le même cas pour régler le problème à la place du fabricant qui voulait rien faire.
[Aeris] Mais donc il se trouve que l'imprimante elle-même n'était pas un logiciel libre, et donc Stallman n'a jamais pu modifier lui-même le logiciel, mais en tout cas ça a été l'acte fondateur de...
[Aeris] Et derrière ça en fait il a commencé à développer le projet GNU.
[Benjamin] Gnu qui veut dire...
[Benjamin] C'est un acronyme recursif.
[Aeris] C'est assez dur et cursif parce qu'à l'époque, en fait, le système d'exploitation qui était utilisé, c'était Unix, qui était un système d'exploitation privé, qui n'était pas libre.
[Aeris] et Stallman s'est dit je vais essayer d'en faire un qui respecte les cas de liberté. Donc il a commencé à développer le projet GNU.
[Aeris] Et il a fallu l'aide un peu involontaire de quelques années plus tard, donc en 91, par un certain Linus Thorvald.
[Aeris] qui est arrivé en disant il n'y a pas que le système d'exploitation dans la vie, il y a aussi le kernel. C'est un peu des détails techniques mais le kernel est un peu l'interface entre le matériel et le logiciel.
[Benjamin] Ce qu'on appelle le noyau dans...
[Aeris] C'est ça le noyau qui vient faire la liaison entre le matériel physique et le logiciel virtuel.
[Aeris] et il arrive en 91 avec le projet Linux qui est devenu ce qu'on connaît aujourd'hui et donc le couple GNU plus Linux donne un système complet qui était entièrement libre. Du coup en...
[Aeris] en 1991 avec les principes du logiciel libre plein et entier pour votre ordinateur personnel.
[Benjamin] D'accord, alors si je reprends mes questions du début...
[Benjamin] différence entre logiciels libres, logiciels open source et logiciels gratuits. Je pense qu'on a un peu répondu à tout puisque on voit bien que logiciels libres ça correspond aux quatre libertés qu'on a énoncées.
[Benjamin] en fait ça correspond uniquement à la deuxième des libertés, c'est à dire à voir ce qu'il y a dedans mais ça implique pas les trois autres.
[Benjamin] Et puis gratuit, ça je pense que tout le monde a pigé, ça veut dire qu'on paye pas.
[Aeris] Voilà.
[Benjamin] Et donc on peut avoir du logiciel...
[Benjamin] gratuit qui n'est pas open source et qui n'est pas libre. C'est ce qu'on appelait les freeware, on n'en voit plus beaucoup mais ça existe encore.
[Aeris] Il y avait Zip à l'époque sous Windows qui était comme ça. Il y avait WinRAR, pareil, vous pouvez le télécharger, l'installer gratuitement, etc. Il n'y avait pas de...
[Benjamin] mais on n'avait pas accès au code sourd.
[Aeris] C'est ça.
[Benjamin] du logiciel open source qui n'est pas libre, ben oui, ça peut exister aussi, c'est-à-dire qu'on a accès au code source mais qu'on n'a pas le droit de le redistribuer et modifier, que...
[Benjamin] C'est tout à fait possible. Et dans le cadre des langages non compilés, ce doit même être assez courant. Et du logiciel libre, pas open source, ça par contre c'est compliqué.
[Aeris] Du logiciel libre en open source, c'est à peu près impossible, puisque de toute façon, il n'y aurait pas la liberté d'étudier, et qu'on n'aurait pas le code source. Donc ça existe pas vraiment.
[Aeris] Et il y a aussi du coup le libre n'est pas forcément gratuit, on le rappelle. C'est difficile de faire du commerce avec du logiciel libre puisque du coup vous avez vous autoriser vos vos utilisateurs à distribuer toutes les copies derrière et gratuitement si ils en ont envie. Donc forcément que le business s'arrête assez vite puisque vous vendez une copie et après en théorie vous en vendez plus. Mais en vrai vous avez le droit de faire payer du logiciel et il y en a qui fonctionnent très bien en fait à vendre.
[Benjamin] Ouais, c'est-à-dire que si je suis éditeur de logiciels libres et que je vends mon logiciel...
[Benjamin] je le vois sous forme compilée.
[Benjamin] Mon client va avoir le droit de demander le code source et il va avoir le droit de le redistribuer.
[Benjamin] et donc le deuxième client s'il connait le premier ça va être vite fini.
[Aeris] Mais voilà, ça s'arrête très vite généralement.
[Benjamin] Donc en fait les modèles économiques classiques ont du mal à s'appliquer dans le cadre du logiciel libre.
[Aeris] Oui, ça va plutôt passer sur des offres de services. Même si entre libre et propriétaire, il y a quand même assez peu de différences. Par exemple, si on prend Microsoft, Microsoft fonctionne exactement pareil. En fait, ils s'en foutent un peu d'avoir le logiciel ou d'avoir le droit de modifier, etc. Ils vendent surtout du service, des contrats de maintenance. Si vous avez un bug, des temps de réaction, des choses comme ça. Donc c'est vraiment plutôt du contrat de service.
[Aeris] Et il n'y a pas vraiment de différence entre libre et pas libre à ce niveau-là.
[Aeris] La vraie différence a plutôt à être sur le matériel au quotidien qui nous entoure.
[Aeris] ou du coup vous avez du matériel qui n'est pas libre, donc vous ne pouvez pas savoir comment ça fonctionne, etc. Donc on vous vend le matériel, vous n'avez pas le droit de... ce qu'on appelle reverse ingénérer, vous n'avez pas le droit d'étudier comment il fonctionne, de vérifier le logiciel, de le remodifier, de le vendre. Et donc là, bah...
[Aeris] on retrouve le modèle commercial et je veux voir un produit et pas un service.
[Benjamin] oui ce qu'on comprend c'est que le logiciel lib c'est quand même une affaire de bidouilleur
[Aeris] Oui.
[Benjamin] Juste, je reviens sur la différence entre libre et open source et gratuit, et en particulier, je pense à nos amis de l'April. En général, j'ai remarqué quand on parlait d'open source, ils avaient tendance à nous reprendre à dire « non, libre, libre ». En fait, on comprend pourquoi certaines personnes font la différence entre libre et open source, parce que libre est bien plus contraignant ou en tout cas, ou donne beaucoup plus de liberté qu'open source. Après, dans la pratique, bon…
[Benjamin] On fait souvent des amalgames, moi le premier, parfois j'utilise un mot pour un autre, ça dépend du contexte mais en général on comprend bien qu'on parle de la même chose.
[Aeris] Ouais, dans la pratique en fait, c'est à peu près pareil entre libre et open source. La vraie différence, on va dire, elle est plutôt au niveau moral. C'est-à-dire que quelqu'un qui va se réclamer du judicier libre voit les cas de liberté derrière et les intérêts qu'il y a pour la société.
[Aeris] c'est à dire de ne pas se faire contrôler par l'informatique alors que l'open source, ceux qui vont appeler ce terme, sont plutôt dans une logique commerciale.
[Aeris] vont utiliser ce terme.
[Aeris] pour essayer de faire du placement produit ou avoir un créneau ou profiter d'aubaine en annonçant. Il y a un côté marketing, c'est plutôt des effets d'annonce plutôt que les conséquences sociales derrière.
[Benjamin] Oui, alors après moi j'utilise assez souvent le terme open source, mais à Koolpa, pour une raison assez bête, c'est que libre et gratuit.
[Benjamin] français ça en anglais ça se dit free donc on a la chance d'avoir des termes bien différents en français mais en anglais ben c'est free
[Benjamin] on sait pas de quoi on parle alors que open source, open source, et ben c'est beaucoup plus clair et donc moi j'ai tendance à parler d'open source alors que je veux dire libre mais parce que si je dis libre et que je suis face à un interlocuteur anglo-saxon et que je suis en train de communiquer en anglais, ben du coup ça va devenir free et puis il me semble que le manque de précision est moins grave en fait entre free et free qu'entre open source et free.
[Aeris] Et puis surtout en France, entre open source et libre, les gens ne vont pas comprendre. Open source, c'est déjà un peu plus dans la tête des gens, peut-être aussi plus facile à comprendre.
[Aeris] Et donc du coup ça passe quand même mieux généralement au quotidien.
[Benjamin] Ok, alors on voit aujourd'hui...
[Benjamin] le libre prendre de plus en plus de place dans nos vies. Il y a du logiciel libre un peu partout, il y en a dans nos télés.
[Benjamin] On voit souvent d'ailleurs aujourd'hui dans les télé assez récentes, enfin presque je pense 100% des télé d'ailleurs récentes.
[Benjamin] que si on va dans le menu à propos de sa télé, on va avoir plein de licences open source qui apparaissent. C'est dû à quoi ça ?
[Aeris] En fait, ça a été l'énorme avantage du logiciel libre, c'est qu'à partir du moment où il est publié, n'importe qui peut l'utiliser, en particulier les grosses entreprises.
[Aeris] Et c'était plus facile pour elle en fait, ces entreprises-là, d'utiliser du logiciel qui existait déjà, souvent bien testé, déployé un peu partout.
[Aeris] Et donc c'était plus rentable économiquement pour elle d'aller piocher dans un code déjà existant plutôt que de le redévelopper elle-même depuis zéro.
[Benjamin] Parce que c'était gratuit en fait.
[Aeris] Déjà c'était gratuit, souvent c'était aussi mieux fait. Enfin mieux fait. En tout cas c'est déployé partout. Plutôt que d'avoir un bout de code qui est utilisé uniquement dans une marque, du coup on a utilisé un code qui a été utilisé dans toutes les marques. Donc c'est plus éprouvé, plus utile, plus de cas d'usage. Et aussi...
[Aeris] le code étant public et chacun pouvait contribuer, un concurrent pouvait améliorer le logiciel et donc du coup...
[Aeris] on avait une amélioration au fur et à mesure du temps du logiciel plutôt que d'avoir tout à redévelopper à chaque fois unitairement dans chaque entreprise.
[Benjamin] Et alors pourquoi est-ce que le fabriquant de mon téléviseur m'affiche la licence ?
[Aeris] Parce que c'est une obligation. La licence est fait partie du légalement parlant. À partir du moment où vous prenez possession du logiciel, on doit vous dire quels sont les logiciels à l'intérieur, en particulier parce que la licence est souvent virale. Donc vous devez dire...
[Aeris] offrir à vos utilisateurs le code source, le droit d'éditer, de comprendre, de remodifier le logiciel, le cache.
[Aeris] et donc ça fait partie des obligations légales de copyright au même titre que vous voyez copyright untel ou untel dans un document
[Benjamin] Alors, attends, parce que là tu viens de sortir une brochette de nouveaux mots, déjà t'as parlé de viralité.
[Aeris] Oui.
[Benjamin] Donc on a parlé de licence, on a parlé de licence virale, donc en fait ce que je comprends c'est que dans le logiciel libre open source
[Benjamin] il y a plusieurs licences.
[Benjamin] Y'a pas une licence libre pour l'ensemble des logiciels libres ? Y'en a plusieurs ?
[Aeris] Oui.
[Benjamin] Y en a quoi une dizaine ?
[Aeris] Oh non, il y en a beaucoup plus que ça et n'importe qui peut inventer la sienne de toute façon. À partir du moment où on met les cut. Oui, de centaines, de milliers. Et puis il y a plein de déclinaisons, plein de variantes diverses.
[Benjamin] toutes ces licences. Alors je crois qu'il y a un organisme qui définit si une licence peut s'octroyer l'appellation de licence libre.
[Aeris] Il y en a même deux en fait, il y a la FSF, la Free Software Foundation qui est un peu le pendant librist justement, et il y a l'OSI...
[Aeris] l'open source initiative qui va du coup est le côté open source et donc chacune a ses licences, globalement c'est les mêmes, les deux vont avoir les mêmes critères d'acceptation côté FSF ou côté OZI.
[Benjamin] et ça va être les quatre lois du logiciel Libre.
[Aeris] En fait, ça vérifie à chaque fois, c'est une licence, quand vous leur soumettez une licence, ça vérifie si c'est compatible avec les quatre libertés, si c'est compatible avec les quatre libertés, vous avez la certification.
[Benjamin] Donc concrètement, moi je suis développeur, je développe un logiciel ou un firmware d'imprimante ou un petit logiciel qui va être utilisé dans un téléviseur. Quand je publie mon code, je, en tant que développeur, c'est moi, je décide quelle licence va s'appliquer à mon code.
[Benjamin] je vais pouvoir choisir parmi une palanquée de licence existante
[Benjamin] Il y en a qui sont virales, il y en a qui ne sont pas. Si elle est virale, ça veut dire...
[Aeris] Ça veut dire que vous devez respecter les conditions de la licence, y compris dans le logiciel final.
[Benjamin] Donc ça veut dire que si quelqu'un prend mon logiciel, le bidouille...
[Benjamin] le modifie, le redistribue.
[Aeris] Il est aussi sous la licence de départ où en tout cas il doit le dire quel software, quel logiciel a été utilisé et sous quelle licence il est publié.
[Benjamin] alors que si je crée un nouveau logiciel sous une licence libre mais qui n'est pas virale à ce moment là
[Aeris] Et du coup, le fabricant derrière fait ce qu'il envie dessus.
[Benjamin] il peut appliquer une licence qui sera pas du tout la même, il choisit. Donc une licence virale, elle va contaminer...
[Benjamin] tous les programmes qui vont utiliser le programme initial. C'est pour ça qu'on dit qu'elle est virale.
[Aeris] Et donc par exemple si vous utilisez la WTFPL, qui est une licence où vous faites ce que vous voulez, en fait le concepteur dit bah moi je le mets là et vous faites ce que vous en voulez, je m'en fous. Bah là vous faites ce que vous voulez derrière, hein. Par contre vous avez après des MIT ou des BSD par exemple en licence qui sont aussi des licences libres mais qui vont dire bah...
[Aeris] Vous avez juste besoin de dire que vous nous embarquez mais vous mettez la licence que vous voulez par dessus. Nous, elles sont non virales, MIT. Et vous avez la licence GPL qui est la plus connue, qui elle est virale. Si vous avez un bout de logiciel en GPL, votre soft lui-même devient en GPL.
[Benjamin] D'accord. La licence LGPL.
[Aeris] Et licence LGPL est un peu de la même type que MITBSD, justement l'SR-GPL qui est plus faible et qui est moins soumise à transmission de la licence, en particulier avec les bibliothèques. Vous pouvez utiliser une bibliothèque qui est en LGPL sans que votre logiciel devienne LGPL, ce qui n'était pas le cas de la GPL. Elle est moins virale que dans certains cas particuliers.
[Benjamin] Ok, et alors qu'est ce qui fait que moi en tant que développeur je vais me tourner plutôt vers une licence virale, plutôt vers une moins virale, plus permissive, moins permissive ? Quels sont les critères ? Pourquoi est-ce que je vais choisir ? Y'a... c'est quoi ces...
[Benjamin] les goûts, les couleurs.
[Aeris] C'est ça, c'est vraiment du goût et des couleurs en fonction de vos opinions politiques, c'est clairement de la politique. Est-ce que vous voulez qu'une entreprise commerciale puisse utiliser un logiciel et le refermer derrière, ça va être le cas des MIT et des BSD, vous faites un logiciel libre mais ça peut donner du logiciel non libre à la fin, ou est-ce que vous voulez garantir que le fait que vous ayez décidé de le mettre au pot commun via du logiciel libre reste du logiciel libre jusqu'au bout, dans ce cas vous irez plutôt sur des licences virales type GPL.
[Benjamin] D'accord, et donc d'un côté j'ai des licences où on peut faire ce qu'on veut.
[Benjamin] enfin les autres, les personnes qui vont utiliser mon logiciel vont pouvoir faire ce qu'on veut, ou alors pas du tout.
[Benjamin] les avantages et les inconvénients de l'une et de l'autre. On comprend bien qu'une licence virale, elle va me garantir que si des gens réutilisent mon travail, ce qu'ils vont modifier va être publié et que moi, à la limite, en tant que développeur initial, je vais pouvoir profiter de ce qui a été fait par d'autres.
[Benjamin] Mais alors quel intérêt de choisir une licence type BSD ou MIT ?
[Aeris] ça, ça va surtout être après... enfin encore une fois, c'est un choix politique à faire. Le problème ou l'avantage selon certains, et selon le point de vue qu'on va avoir de la GPL par exemple, si vous faites un logiciel sous... ou une bibliothèque en particulier sous licence GPL...
[Aeris] Eh ben, toute entreprise commerciale qui voudrait utiliser votre projet ne va pas pouvoir, sauf à elle-même, redistribuer l'intégralité du code source, y compris...
[Aeris] du sur-ensemble qu'elle aura construit, c'est-à-dire son propre logiciel à elle, il va embarquer juste un tout petit bout via votre bibliothèque.
[Aeris] et elle va se retrouver à devoir distribuer l'intégralité de sa propriété intellectuelle.
[Benjamin] y compris son savoir-faire personnel.
[Aeris] sans savoir faire personnel qui est utilisé dans autre chose pour faire par exemple un traitement vidéo, vous faites une bibliothèque de traitement vidéo, vous allez devoir vous la publier sous licence GPL, et bien tous ceux qui vont utiliser votre logiciel pour faire par exemple un lecteur vidéo en général, vont devoir publier eux-mêmes leur lecteur sous GPL et donc publier les codes sources.
[Benjamin] D'accord, et donc du coup ce que je comprends c'est que si j'ai une licence qui est trop virale, et bien elle va être...
[Benjamin] Mon logiciel va être moins utilisé.
[Aeris] Surtout au niveau commercial, sur les logiciels commerciaux où les entreprises généralement veulent faire de l'argent ou protéger leur propriété intellectuelle et donc vont être beaucoup plus réticents à utiliser du logiciel sous licence GPL.
[Aeris] puisque sinon ils vont devoir communiquer l'intégralité de leur savoir-faire et de leur propriété intellectuelle.
[Benjamin] D'accord, et donc si moi en tant que développeur mon objectif c'est que ma librairie ou mon logiciel soit utilisé et modifié par le plus grand nombre, et bien là je...
[Benjamin] Si je comprends bien, je vais me tourner vers des licences non virales type BSD ou...
[Aeris] BSD, LGPL si vous faites des bibliothèques ou MIT par exemple.
[Benjamin] Ok.
[Aeris] Mais ça c'est vraiment un choix personnel et ça dépend de comment vous voulez orienter la société en fait.
[Aeris] et est-ce que vous voulez que des gens puissent faire du logiciel pas libre à partir de votre logiciel libre ?
[Benjamin] Oui, puis ça dépend aussi probablement de la nature du service rendu par ce que je suis en train de développer. Il y a des cas où ça doit être évident qu'il faut du viral et d'autres beaucoup moins.
[Aeris] C'est jamais très simple, on a déjà vu beaucoup de cas de personnes qui avaient commencé à développer sous GPL et qui se sont retrouvées ensuite avec des clients potentiels qui leur ont dit « en fait je peux pas utiliser votre bibliothèque parce que sinon il faudrait que je mette tout mon logiciel à moi sous licence GPL ». Donc est-ce que vous pourriez pas modifier la licence pour la passer en LGPL ? C'est ce qui se fait le plus souvent. Et du coup le logiciel est relicensier.
[Aeris] en LGPL pour permettre un usage commercial avec des clients potentiels qui ne seraient jamais venus si le logiciel était resté sous GPL. Mais c'est un combat assez compliqué parce que beaucoup refusent de le faire.
[Aeris] des raisons éthiques, morales, avis personnels, politiques, etc. Mais du coup, se ferme la porte à des contrats potentiels sur le sujet.
[Benjamin] Ok, mais donc si moi je développe un logiciel que je le publie sous une licence, je peux changer d'avis et le publier sous une autre licence.
[Aeris] Oui, oui, oui, de toute façon, c'est l'auteur du logisme.
[Benjamin] Je peux le publier sous deux licences différentes si je veux ?
[Aeris] Oui aussi. Il y en a beaucoup qui le font des fois en mettant une licence GPL et une licence commerciale par exemple parce que les licences n'ont pas besoin d'être toutes libres. Et donc vous dites si vous faites du commerce avec, la licence GPL vous embête, je vous permets de m'acheter une licence à un tarif qu'on viendra ensemble. Et du coup vous aurez une licence spécifique pour vous qui vous autorisera votre logiciel spécifique à être propriétaire.
[Benjamin] Et c'est moi, développeur ou société éditrice, qui choisis là où les licences, qui choisis de changer si ça me plaît pas.
[Aeris] C'est ça.
[Benjamin] sachant que la licence, c'est un contrat d'utilisation qui définit dans quel...
[Benjamin] dans quel cadre on peut utiliser le logiciel que je mets à disposition.
[Aeris] C'est exactement l'équivalent des conditions générales d'utilisation d'un service et vous avez le droit de le changer quand vous voulez, etc. Il faut l'accord de tout le monde bien entendu, puisque si vous êtes développeur unique ça va. Si vous avez plusieurs développeurs, il va falloir l'avis de tout le monde, consulter tout le monde et avoir un contrat légal avec eux pour dire vous êtes bien tous d'accord, qu'on change la licence.
[Aeris] Et du coup, ça s'est arrivé des fois que des logiciels doivent changer de licence comme ça.
[Aeris] et certains contributeurs vont refuser et dans ce cas ils doivent retirer tout le code source qui a été généré par ces contributeurs là pour le réécrire intégralement sans regarder comment ça a été fait à la base pour justement retirer ces morceaux
[Benjamin] Il suffit de mettre un classeur.
[Aeris] Ouais ! Et c'est ça ce qu'on appelle des redesigns en cleanroom, on ne regarde pas ce qui a été fait avant et on refait complètement depuis zéro.
[Aeris] pour enlever ce morceau où le développeur ne veut pas qu'on utilise son travail sous la nouvelle licence.
[Benjamin] D'accord, donc en fait la licence c'est un contrat d'utilisation, donc quel lien avec...
[Benjamin] avec le copyright ou le droit d'auteur.
[Aeris] Alors les licences en fait sont liées par des copyrights, c'est à dire que chaque fondation généralement qui rédige une licence va les placer sous des copyrights, donc les licences sont copyrightées.
[Aeris] et ce qui permet de faire valoir ses droits d'auteur puisque les licences d'utilisation que ce soit du propriétaire ou du libre sont des licences d'utilisation au titre du droit d'auteur.
[Aeris] et donc du coup les licences s'appuient sur le droit d'auteur et le droit du copyright pour fonctionner.
[Benjamin] Donc c'est des notions qui sont assez décorées les finalement.
[Aeris] Oui, oui, c'est quand le monde est corrélé. En fait, le droit d'auteur, c'est juste... Un auteur peut faire décider ce qu'il a envie du logiciel, et en particulier, du coup, de décider sous quelle licence ça va fonctionner. Et donc c'est comme ça que ça fonctionne. Et si vous dites rien, votre droit d'auteur s'applique, même si vous n'avez pas de licence.
[Aeris] Et par défaut, c'est justement extrêmement limité.
[Aeris] où on n'a pas le droit d'utiliser votre...
[Aeris] votre logiciel, vous avez tous les droits patrimonial et moraux dessus, vous avez le droit de le vendre, personne n'a le droit de le vendre à votre place, etc. Et donc si vous ne mettez pas de licence explicite, il n'y a personne le droit, personne n'a le droit de faire quoi que ce soit avec votre logiciel.
[Benjamin] Mais donc concrètement, si je décide de publier un logiciel sous licence libre, ça veut pas dire que j'abandonne mes droits d'auteur.
[Aeris] Ah non mais de toute façon, il y a certaines parties des droits d'auteur, en particulier les droits de moraux, qui sont inaliénables et imprescriptibles et incessibles en France. Donc vous avez... vous les garderez...
[Aeris] à vie et vous pouvez même pas explicitement vous en séparer
[Aeris] et donc vous gardez vos droits d'auteur en fait sur le logiciel, la licence c'est juste votre choix justement et votre expression du droit d'auteur.
[Aeris] sur ce que vous voulez que votre œuvre devienne.
[Benjamin] D'accord, donc en fait c'est un peu comme quand je vais louer une cassette vidéo VHS à la FNAC.
[Benjamin] Je vous rappelle que je suis très vieux. Le réalisateur il garde ses droits d'auteur sur la cassette et la cassette moque 3 le droit de regarder le film dans le cercle privé familial etc.
[Benjamin] et donc dans le cadre des logiciels informatiques c'est pareil que ce soit libre open source ou pas d'ailleurs peu importe
[Benjamin] l'auteur du logiciel reste
[Benjamin] propriétaire des droits d'auteur.
[Benjamin] et il octroie des droits d'usage avec une licence.
[Benjamin] peut être libre ou pas mais en tout cas c'est bien séparé. Et le copyright ?
[Aeris] Et le copyright, en fait, c'est juste une revendication justement du droit d'auteur en disant que ce logiciel a été...
[Aeris] a été écrit par moi et donc du coup je l'inscris, je l'enregistre quelque part donc ça va être le copyright côté américain ça va être l'INPI par exemple en France où vous allez auprès d'une entité qui est dédiée à ça en disant moi j'ai écrit ça je le place sous telle licence, tel cas d'usage etc et donc ça permet d'avoir une date
[Aeris] et un tampon officiel que vous êtes bien l'auteur original de ce travail.
[Benjamin] Ok, mais encore une fois, donc le fait d'utiliser, de publier un logiciel sous licence libre n'a aucun impact sur le droit d'auteur et le copyright.
[Aeris] Non, non, complètement.
[Benjamin] Ok, et alors si on parle de marque, marque déposée ou autre...
[Aeris] C'est un pari, c'est complètement annexe. C'est votre logiciel et on a eu des cas déjà.
[Benjamin] Oui, je pense justement qu'il y a pas mal de logiciels type Firefox, LibreOffice, tout ce qu'on connaît bien.
[Benjamin] ont des usages plutôt grand public, en général les marques de ces logiciels sont déposées.
[Aeris] Et ben on a eu le cas avec Firefox où le logo en fait est déposé, le nom est déposé et donc les logiciels libres qui s'appuyaient sur Firefox ont dû changer le logo et le nom puisqu'ils n'ont pas le droit de réutiliser ce nom là dans d'autres logiciels ou dans des dérivés.
[Aeris] En particulier, Debian avait dû changer... C'était Iceweasel, je crois, qui s'était renommé.
[Aeris] en mettant un oiseau violet plutôt qu'un panda roux parce qu'ils ne pouvaient pas, ils n'étaient pas autorisés à utiliser la marque. Donc les logos, le nom, les logotypes, la police de caractère, toute la charte graphique de Firefox qui était propriété de Mozilla et donc personne n'avait le droit de réutiliser ces noms-là et ces concepts.
[Benjamin] Donc en clair, c'est pas parce que j'ai affaire à un logiciel libre que j'ai le droit de redistribuer, que j'ai le droit de bidouiller, de modifier, que j'ai le droit de le contre-faire.
[Aeris] Bah c'est ça. Il faut pas que ce soit de la contrefaçon. Vous allez voir un logiciel libre, il peut y avoir des données protégées dedans, le droit des marques etc. Continuez à s'appliquer.
[Aeris] potentiellement à l'intérieur.
[Benjamin] Ok, c'est beaucoup plus clair.
[Benjamin] On parle beaucoup d'open source aujourd'hui comme une arme pour la souveraineté, pour la défense de la souveraineté numérique.
[Aeris] Oui.
[Aeris] En fait le problème aujourd'hui, si on prend les exemples un peu flagrants qu'on a en ce moment, c'est par exemple Microsoft.
[Aeris] on va dire la très grosse partie de l'informatique domestique ou en tout cas terminée au utilisateur qui est sous Microsoft.
[Aeris] en particulier l'armée, par exemple, l'éducation nationale, etc.
[Aeris] Si jamais on avait un problème avec l'Amérique, les États-Unis ou même Microsoft, qu'on se fâchait avec eux ou qu'ils veulent augmenter leurs tarifs, ça s'est vu.
[Aeris] on se retrouve à pas avoir beaucoup de choix puisqu'on est pieds et ponts liés avec eux, c'est eux qui fournissent le logiciel, c'est eux qui le maintiennent, c'est eux qui le déploient, c'est eux qui le patchent. S'ils veulent pas faire quelque chose, ben ils le font pas, on n'a pas le droit d'aller modifier le logiciel.
[Aeris] Et donc en fait se poser la question de la souveraineté c'est si jamais on devait se fâcher avec eux, comment est-ce qu'on fait pour continuer à fonctionner ? On va se retrouver avec nos hôpitaux à l'arrêt, l'administration française à l'arrêt, l'éducation nationale qui ne fonctionne plus, nos sous-marins lanceurs d'engins qui potentiellement vont envoyer des missiles nucléaires un peu partout.
[Aeris] Et donc le logiciel libre est une possible réponse à ça, puisque du coup à partir du moment où vous avez le logiciel, vous avez le code source obligatoirement, vous avez le droit de le modifier, vous avez le droit de l'éditer, vous avez le droit de le distribuer.
[Aeris] Donc même si votre fournisseur venait à disparaître, avoir des sanctions diplomatiques comme on a pu le voir avec la Russie, ou juste à augmenter ses tarifs comme on a pu le voir avec VMware, vous avez toujours le choix de reprendre le logiciel à votre charge, de pouvoir le modifier par vous-même, de le forker, ou même juste de le maintenir en fait.
[Benjamin] Donc le forké, c'est-à-dire que je le prends en état, je fais une copie.
[Benjamin] et puis je fais une nouvelle branche, une nouvelle version, alors que je vais renommer probablement puisque j'ai pas le droit d'utiliser.
[Aeris] soit vous allez le renommer ou vous n'allez pas le renommer, enfin ça après c'est en fonction de chaque logiciel qu'on verra comment ça s'adoptera. Mais du coup on est beaucoup moins dépendant d'un tiers, en particulier étrangers, et ça permettrait d'avoir un meilleur contrôle de notre informatique et de pu être dépendant de grands fournisseurs, vraiment le problème de Microsoft et des États-Unis en général.
[Aeris] ou je pense qu'on en reparlera aussi avec les arnêts Schrems II etc. qui interdisent littéralement l'usage de systèmes américains sur le territoire européen, on se retrouverait un peu dans la merde parce que on ne peut plus rien utiliser au quotidien.
[Benjamin] Donc c'est à dire que le logiciel libre me permet de bidouiller et donc si j'ai le savoir faire, si je sais comment...
[Benjamin] bidouiller et faire ce dont j'ai besoin, et bien je peux. Alors qu'avec un logiciel fermé, privatif, propriétaire, même si je sais en fait je peux pas puisque j'ai pas accès au code source. Et puis j'ai pas le droit de toute façon.
[Aeris] Et en plus vous n'avez pas le droit, alors des fois par exemple on en avait parlé avec Bookynette déjà, où Microsoft avait quand même des accès privilégiés, pas Microsoft, la France avait des accès privilégiés aux codes sources de Microsoft, donc potentiellement ils peuvent modifier etc. Mais c'est vrai que ce n'est pas le cas général.
[Aeris] Ça ne résout pas le problème de la souveraineté, mais l'accès aux codes sources vous permettrait d'être beaucoup plus indépendant de vos fournisseurs.
[Aeris] mais le bémol c'est qu'effectivement il faut la compétence. Aujourd'hui on ne l'a pas. Si même en ayant du logiciel en particulier en France, si on avait du logiciel comme Mozilla ou autre à disposition, si ça fermait demain on serait quand même globalement bien dans la merde. Et il faut monter, voilà, il faut le savoir faire.
[Benjamin] Oui, oui, on comprend bien qu'il faut le savoir faire. Ce n'est pas une baguette magique, le logiciel libre. C'est juste la possibilité d'ouvrir le capot et de réparer si on sait réparer. Mais si on ne sait pas comment le moteur fonctionne.
[Benjamin] Le droit d'ouvrir le capot et de bidouiller ne va pas nous aider beaucoup, bien entendu.
[Aeris] Et aujourd'hui les gros contributeurs au libre sont quand même les américains. Et du coup, si on devait s'en séparer, je pense qu'on aurait quelques soucis. Donc effectivement, il faut qu'on reprenne en dehors d'avoir du libre ou du propriétaire. C'est aussi de reprendre les compétences en local, en France, pour avoir ce type de gestion.
[Benjamin] Alors à nous entendre parler on a vraiment l'impression que le libre c'est la panacée et que ça résout tous les problèmes et...
[Benjamin] et que ça guérit des rhumatismes, mais euh... mais en fait je devine que non.
[Benjamin] Il y a des cas où le logiciel libre n'est pas utilisable ou structurellement ça ne peut pas fonctionner.
[Aeris] En fait, on a déjà eu deux problèmes qui sont arrivés. On a le premier problème, c'est que le libre était un peu le faux-swaver de lui-même, puisque le fait qu'on puisse redistribuer le logiciel que n'importe qui peut le modifier, etc., fait que les entreprises commerciales se sont roinfrées au libre sans beaucoup contribuer.
[Aeris] En particulier Amazon, Google, Facebook sont des gros gros gros consommateurs de logichels libres.
[Aeris] Quasiment toute leur infrastructure ne tourne qu'avec ça et la part de contribution là dedans de leur part est quand même pas équivalente, pas sympa et en tout cas pas du tout à la hauteur de ce qu'ils génèrent à la fin. Donc ça a donné récemment des grosses batailles de logiciels qui étaient massivement utilisés par SegaFam. Donc il y a eu Redis, il y a eu MongoDB, il y a eu Elasticsearch.
[Benjamin] Alors juste pour qu'on comprenne parce qu'on a dit tout à l'heure que...
[Benjamin] si je publie un logiciel sous une licence libre virale...
[Benjamin] ça oblige les gens qui vont le modifier à republier les modifications qu'ils ont faites.
[Benjamin] Donc, où est le problème ?
[Aeris] En fait c'est lié au binaire, c'est lié au logiciel, il faut que vous soyez propriétaire du logiciel pour pouvoir faire exécuter les cas de liberté sauf que dans les cas de Google, Amazon, Facebook, vous n'êtes posséder rien du tout, vous avez juste un droit d'utilisation du service et donc du coup les cas de liberté ne s'appliquent pas à vous. Donc vous ne pouvez pas demander à Amazon, donne-moi le code source.
[Benjamin] Alors attends, je reprends, donc en fait, ce qu'on a dit tout à l'heure, qu'on a parlé des 4 libertés.
[Benjamin] Elle s'applique à un cas de figure, un cas d'usage bien précis. C'est le cadre où, si on reprend l'imprimante, moi je suis utilisateur, on me fournit une imprimante avec un code source.
[Benjamin] enfin, justement, non, avec un code compilé.
[Benjamin] et la licence libre me garantit que dans le cadre où on me livre un logiciel compilé, je peux aussi avoir le code source pour le modifier, je peux aussi le redistribuer et je peux aussi redistribuer ma version modifiée.
[Aeris] Mais parce que vous étiez bien propriétaire de l'imprimante, et donc du logiciel qu'il y a dedans.
[Benjamin] parce que en tant qu'utilisateur je suis le destinataire d'un code compilé.
[Aeris] C'est ça.
[Aeris] Bah là vous êtes juste l'utilisateur d'un service en gros, c'est... Bah vous avez juste la feuille qui sort de l'imprimante, vous avez pas l'imprimante. En fait, c'est ça, c'est Amazon.
[Benjamin] En fait on se place dans le cas où un GAFAM, un Amazon ou autre...
[Benjamin] en fait
[Benjamin] l'imprimante est chez eux.
[Aeris] C'est ça, l'imprimante est chez eux, vous, vous...
[Aeris] en mode Software as a Service.
[Benjamin] C'est-à-dire que moi en tant qu'utilisateur, j'envoie une disquette avec mes documents imprimés et eux me renvoient la feuille de papier imprimée.
[Benjamin] mais l'imprimante est chez eux, donc le logiciel est chez eux.
[Benjamin] Donc moi en tant qu'utilisateur, j'ai droit à rien, c'est ça ?
[Aeris] Vous avez... Voilà, les cas de liberté ne sont pas applicables. Donc du coup, il y a eu une première version...
[Benjamin] Mais excuse-moi, je t'interromps, mais...
[Benjamin] Amazon je dis Amazon parce qu'en fait clairement c'est eux qu'on fait les pires choses
[Benjamin] ils ont pris un logiciel libre.
[Benjamin] C'est quoi on peut dire ? Y'avait Mongo, y'avait Elasticsearch...
[Aeris] Il y avait Mongo, Elasticsearch et MariaDB.
[Benjamin] ils les ont modifiés pour eux sur leur serveur.
[Benjamin] Mais c'est eux-mêmes les utilisateurs ?
[Benjamin] donc ils ne sont pas tenus de republier le code qu'ils ont modifié.
[Aeris] Ils ont republié certains morceaux mais ils n'avaient pas l'obligation de le faire.
[Benjamin] Parce qu'ils avaient envie ?
[Aeris] Parce qu'ils avaient envie, parce que ça évitait d'avoir à maintenir un fork, du coup ça leur facilitait la vie de voir leurs modifications intégrées dans le logiciel plutôt qu'eux face à ce qu'on appelle du rétroportage d'une version à l'autre. Du coup, au moins leurs modifs étaient gravés dans le marde, c'était à leur avantage. Pareil, Microsoft a beaucoup contribué sur tous les drivers pour Windows parce que ça leur évite d'avoir à redévelopper après les drivers de leur côté.
[Benjamin] J'ai pas compris, Microsoft va contribuer au driver sous Windows.
[Aeris] Microsoft contribue au logiciel, au carnet Linux pour les drivers Windows, pour faire tourner du Linux sur leurs ordinateurs Windows. Donc c'est comme ça, ils font les drivers pour que ça fonctionne bien mais en fait c'est pas leur intérêt...
[Benjamin] leur intérêt c'est que des gens derrière fassent la maintenance de ce qu'ils ont fait en fait comme ça eux ils l'ont fait et puis après ça continue à vivre et ils ont ils ont ils ont pas besoin de faire la mise à jour et donc si je reprends le cas d'amazon donc amazon utilise des logiciels publiés sous licence libre telle que elastic search mongo db maria db
[Benjamin] ils les modifient pour que ça marche mieux, que ça marche plus vite, et puis eux, derrière, ils vont facturer le service à des utilisateurs.
[Benjamin] ne sont pas tenus de republier le code source modifié donc ils n'ont pas en frein la licence libre qui s'appliquait sur ces logiciels là.
[Benjamin] Donc forcément on comprend que les éditeurs...
[Benjamin] qui sont Elasticsearch, MongoDB, MariaDB, il fasse un peu la tête.
[Aeris] Ils ont eu marre de se faire voler tous leurs travaux sans avoir beaucoup de contributions, que ce soit au niveau financier ou au niveau code. Et donc ils ont dit qu'ils arrêtaient de faire du logiciel libre, qu'ils rajoutaient une clause dans nos licences qui dit que vous n'avez pas le droit de faire un usage commercial de nos logiciels.
[Aeris] Si vous faites un usage commercial, vous devez nous payer des royalties ou une licence d'utilisation, mais en tout cas on va arrêter de vous le donner gratuitement et vous ne pourrez plus faire ce que vous faisiez depuis très longtemps.
[Benjamin] D'accord ? En fait ce qu'on comprend c'est que...
[Benjamin] les quatre lois du logiciel libre qui datent des années 80.
[Benjamin] Elles sont un peu dépassées dans un monde où on consomme énormément de services SaaS.
[Aeris] Tout le SaaS, le web en général, c'est qu'on a plus du tout le binaire sur nos machines en général. Et regardez vos logiciels à la maison.
[Aeris] La plupart sont juste des façades vers des sites internet, du Spotify. Tous les outils de musique, de dessin, etc. sont dans du cloud. Ils aiment bien le cloud aujourd'hui. Même Photoshop est devenu des licences dans le cloud.
[Aeris] et du coup bah vous avez plus le binaire donc les cas de liberté s'appliquent plus donc les pas de contributions au libre et donc on peut tout leur piller sans avoir contribué du tout et les entreprises ont dit stop et donc on a eu un gros mouvement depuis 2-3 ans avec ce qu'on appelle les common clause qui est vous devez avoir un usage équitable du logiciel si vous l'utilisez vous devez nous reverser
[Aeris] soit en finance, soit en code, mais vous arrêtez d'avoir le service gratuit.
[Aeris] et surtout de faire vous votre business payant dessus.
[Benjamin] Ok donc si je comprends bien, les quatre libertés qu'on a évoquées au tout début, elles s'appliquent très bien, elles fonctionnent très bien quand c'est du logiciel lourd, c'est à dire qu'il va s'installer sur un ordinateur d'un utilisateur final.
[Benjamin] Par contre quand je développe un serveur
[Benjamin] Là c'est beaucoup beaucoup plus compliqué et ces quatre lois fonctionnent beaucoup moins bien. Et les licences...
[Benjamin] qui en avaient découlé ont montré leurs limites.
[Aeris] C'était même inapplicable. C'est là où c'est une grosse baston dans le monde du logiciel libre. Est-ce que ces licences restent libres ou pas ? Légalement parlant, elles ne sont plus libres. Mais les gens ont bien senti aussi qu'il fallait revoir le modèle et peut-être rajouter justement des clots supplémentaires pour continuer à garantir le modèle social qui était prévu par le logiciel libre dans le monde moderne actuel où on n'a même plus binaire sur nos machines.
[Benjamin] Ok on voit aujourd'hui que le logiciel libre se confronte au mur de la réalité économique du monde
[Benjamin] cloud qu'on a engendré et que ça nécessite des ajustements qui vont probablement prendre un peu de temps. Donc on voit bien une première limite mais est-ce qu'il y a des cas de figure où juste le logiciel libre ne fonctionne pas du tout, où ça marche pas ?
[Aeris] Alors oui, on en a vu aussi... Alors je peux pas dire forcément que ça marche pas, mais en tout cas que c'était compliqué, que ça devenait difficile de concilier les besoins réels et les logiciels libres. On a vu les premiers... Premier exemple comme ça, ça a été les DRM. Donc les... Ça a été surtout sur les... Les GDN, tu veux dire. Oui, GDN. Les questions des droits numériques. Voilà. En français. Qui étaient sur les...
[Aeris] Les organismes contrôles musicaux et vidéos où ils voulaient faire payer les royalties dessus, sauf qu'il y avait beaucoup de pirates à l'époque qui avaient même bien redistribué.
[Benjamin] On se souvient de Napster
[Aeris] Napster, eMule, etc.
[Aeris] Ils auraient bien aimé pouvoir faire de l'argent sur ces copies intermédiaires.
[Aeris] qui étaient mises à disposition gratuitement à tout le monde. Donc ils ont inventé des systèmes de gestion de droits numériques en disant si vous n'avez pas les bonnes clés, si vous n'avez pas payé, on ne vous laisse pas l'accès à votre contenu en fait.
[Aeris] et sauf que c'est assez impossible à faire cohabiter avec du logiciel libre puisque le logiciel libre dit que vous avez le droit d'étudier, vous avez le droit de modifier, vous avez le droit de redistribuer. Donc comment est-ce qu'on fait pour...
[Aeris] permettre de protéger les droits d'auteur.
[Aeris] Avec du logiciel libre, c'est juste pas possible.
[Benjamin] C'est à dire qu'en fait, un DRM, donc Digital Right Management en anglais, c'est une mesure technique qui...
[Benjamin] protège un fichier par un système de chiffrement cryptographique.
[Aeris] Chiffrement ou autre, mais en tout cas c'était pour empêcher la lecture sur un matériel qui n'était pas autorisé.
[Benjamin] et qui fait que je vais avoir besoin de sortir une clé qui montre que, effectivement, je suis bien.
[Benjamin] titulaire d'une licence d'écoute ou d'utilisation du contenu musical ou vidéo.
[Benjamin] et que tout ça s'est packagé dans une boîte noire.
[Benjamin] et que si j'ai accès à ce qu'il y a à l'intérieur de la boîte noire, je vais pouvoir lire le contenu.
[Benjamin] assez facilement et que le concept de boîte noire on voit bien qu'il est totalement incompatible avec le logiciel libre qui lui au contraire impose une transparence totale et la possibilité de modifier donc le DRM par construction est incompatible avec le logiciel libre donc on n'a pas de logiciel libre de lecture de contenu protégé par DRM
[Aeris] Il y a eu des batailles juridiques sur le sujet puisqu'en fait il y a quand même aussi d'autres droits à respecter en particulier le droit à la copie privée où vous avez le droit de faire des copies individuelles de vos de vos systèmes et en fait c'était plus compatible c'est ça et du coup en fait la loi en particulier en france a autorisé à casser les DRM pour pouvoir et avoir le logiciel libre en particulier qui a le droit de s'interopérabiliser avec les DRM et à les casser
[Aeris] pour permettre l'interopérabilité. Mais du coup c'est une bataille juridique à chaque fois, c'est dans chaque pays, dans chaque état, il faut aller batailler pour avoir ces droits-là. Mais du coup les DRM s'opposent à ça.
[Benjamin] D'accord mais ça, ok, là le propos c'est de dire qu'on voit bien que logiciel libre est DRM, il y a une incompatibilité, il y a d'autres cas de figure où le logiciel libre est pas du tout approprié.
[Aeris] On l'a vu aussi avec les caisses enregistreuses. L'April avait porté un combat là-dessus. En fait, l'Etat s'est dit, les caisses enregistreuses aujourd'hui permettent de la fraude à la TVA. Il y avait certains fabricants qui avaient mis des boutons cachés pour dire « bah la TVA, tu me la débites pas » ou enlever des paiements, etc. pour pas avoir à faire les déclarations.
[Aeris] URSSAF et TVA à la fin du mois. Et donc ils ont dit, on a besoin d'avoir des logiciels de caisse qui soient sûrs et certifiés par l'État, entre guillemets, pour s'assurer que quand vous faites une transaction, l'État récupérera bien, collectera bien sa TVA à la fin, qui reste un impôt, on le rappelle. Et là, pareil, logiciel libre a été compliqué parce que la certification est aussi l'interdiction de modifier le logiciel, parce que sinon ça aurait été trop facile.
[Aeris] si on avait un logiciel libre, de modifier le logiciel pour dire je le modifie, j'enlève les contrôles de TVA et je reviens dans le monde d'avant. Et du coup il y a eu des passes d'armes juridiques pour savoir qu'est-ce qu'on faisait dans le cas du logiciel libre.
[Benjamin] Ça rejoint un peu le principe de la boîte noire du DRM, c'est-à-dire que ma caisse enregistreuse, moi en tant qu'utilisateur, ça doit être une boîte noire et je ne dois pas pouvoir modifier ce qui se passe à l'intérieur pour pouvoir truander la TVA.
[Aeris] Et là, à la limite, on pouvait aussi même comprendre comment ça fonctionnait. C'est-à-dire qu'avoir le code source n'était pas vraiment un problème.
[Aeris] Avoir le code source, comprendre comment ça marche, etc. C'était pas un problème en soi. Mais par contre, pouvoir modifier et pouvoir recompiler et pouvoir réutiliser le logiciel modifié derrière, là, c'était un vrai problème.
[Benjamin] Et alors on en est où de ça ?
[Aeris] Ça a été plus ou moins gagné par l'april puisqu'il y a eu des des arrangements de faits en disant si vous avez un logiciel libre vous avez le droit quand même de le modifier etc mais vous avez des organes certifiére ou auto certification pour dire que vous n'avez pas fait n'importe quoi et vous pouvez être contrôlé par des organismes pour venir vérifier que vous ne truandez pas la TVA
[Aeris] Mais par contre on a eu un peu la même chose qui est arrivée par la suite, c'est la fameuse DSP2 dans le monde bancaire.
[Aeris] qui est là pour prévenir la fraude qui était assez monstrueuse au niveau des cartes bleues. Donc c'est le fameux SMS ou numéro que vous avez à taper. 3D Secure.
[Aeris] pour vous assurer que c'est bien, que vous êtes bien le demandeur.
[Aeris] de l'information, enfin du paiement que vous allez effectuer. Et donc cette loi impose aux banques de s'assurer que vous avez bien la visibilité sur le montant, le destinataire et l'action que vous êtes en train de réaliser. Et là, pareil, le logiciel livre va être compliqué, parce que si on vous autorise à modifier votre logiciel bancaire, la banque perd complètement cette garantie qu'elle a aujourd'hui.
[Aeris] que vous avez le montant, le designateur et l'action.
[Benjamin] Donc là c'est pour protéger l'utilisateur en fait.
[Aeris] Voilà, c'est un peu plus que pour protéger l'utilisateur, c'est surtout que ça a été décidé par une loi. Donc la loi aujourd'hui dit que vous devez avoir ces informations contextuelles affichées.
[Aeris] à la limite que ce soit bien, pas bien, etc. ça peut se discuter mais en tout cas la loi est là aujourd'hui et donc ça interdit de modifier le logiciel. Encore une fois le comprendre n'est pas un problème, vous voyez de toute façon très bien où est affiché votre montant, votre action, votre destinataire, etc.
[Aeris] mais vous n'avez pas le droit de modifier le logiciel et pire la banque doit s'assurer que vous avez une bonne la bonne version et le bon logiciel installé sur votre téléphone et donc là on tombe dans les écosystèmes d'apple et de google qui impose de passer par des ce qu'on appelle des tiers de confiance
[Aeris] qui sont des tiers certificateurs qui garantissent que le logiciel qui va s'exécuter.
[Aeris] est le bon pour que les banques puissent faire les transactions. Et là, malheureusement, ça touche à beaucoup des libertés.
[Aeris] Vous n'avez pas le choix d'installer ce que vous voulez sur votre téléphone, ni en système d'exploitation, ni en logiciel.
[Benjamin] Ok, et donc là en fait la boîte noire c'est mon téléphone.
[Aeris] Là on arrive carrément la boîte marle et les téléphones, c'est ça.
[Benjamin] Elle englobe la totalité de mon téléphone. Si j'ai un téléphone sur Android qui est routé...
[Aeris] et bien du coup ils désactivent, enfin vous n'avez pas le droit d'utiliser vos applications bancaires puisque la banque n'a plus la certitude que votre logiciel est correct. La seule manière de le certifier c'est carrément au niveau du système d'exploitation.
[Aeris] puisque autrement ça serait trop facile de faire un logiciel qui dit coucou c'est bien moi et donc là c'est votre système d'exploitation
[Benjamin] Trop facile, ça dépend pour qui mais on comprend l'idée. Et si j'ai un téléphone Murena sur eux ?
[Aeris] Et ben c'est pareil en fait, les banques ne le connaissent pas, n'ont pas la certitude que le logiciel est bien celui qu'il dit être. Et donc du coup, la plupart des systèmes d'exploitation alternatifs, en dehors des quelques gros, en gros les quelques gros se résument à Apple et Google, vont, soit le sont déjà, soit le seront prochainement, interdits par les banques, qui ne peuvent pas avoir confiance en le logiciel qui tourne sur vos machines.
[Benjamin] Ok, ça nous promet des belles discussions.
[Aeris] Ah bah c'est sûr que le problème aujourd'hui c'est que ceux qui utilisent le logiciel libre qui veulent avoir le contrôle de leur informatique vont devenir des citoyens de seconde zone avec de moins en moins d'accès.
[Aeris] à des systèmes numériques pour des bonnes et des mauvaises raisons. Pour le coup de la DSP2, c'est pas forcément des mauvaises vu les volumes de fraude et vu les attaques qu'il y avait, etc. Mais effectivement, ça vient rogner un peu les libertés individuelles et le choix d'avoir les logiciels qu'on veut sur nos téléphones.
[Benjamin] on en revient toujours au même débat et qui n'est pas propre à l'informatique.
[Benjamin] Le compromis entre sécurité et liberté.
[Aeris] Bah sur ce sujet là, en particulier sur la DSP2, le cas est un peu plus...
[Aeris] bizarre on va dire, on ne l'avait encore jamais vu, parce que rien n'interdirait aujourd'hui un logiciel libre d'aller faire le boulot et de se faire intégrer par les banques. Le problème c'est surtout qu'il va falloir passer les certifications, arriver à être tiers de confiance auprès des banques. Il y en a un, il y a un OS alternatif qui est Graphen OS qui a commencé à bosser là dessus et qui a déjà publié énormément de choses. Ils ont dit nous on est tout prêt, on est tout bon.
[Aeris] Les utilisateurs ne pourront pas faire tout ce qu'ils veulent avec le système puisque forcément qu'ils ne pourront pas installer des applications qu'ils ont modifiées. Mais par contre nous on garantit que notre logiciel, notre OS reste modifiable sous notre contrôle. Mais maintenant il ne reste plus que les banques déploient les clés de certification dans leur système.
[Aeris] et GrapheneOS n'attend plus que ça mais la difficulté va être là dessus, passer les certifications, arriver à se faire reconnaître comme tiers de confiance. On a eu un exemple comme ça.
[Aeris] très longtemps avec Let's Encrypt qui est une autorité de certification libre aujourd'hui. Ça a mis plus de 15 ans à arriver.
[Aeris] Et on a vraiment beaucoup ce faire.
[Benjamin] que tout le monde utilise maintenant.
[Aeris] que tout le monde utilise quasiment aujourd'hui parce qu'ils ont bouffé le marché, ils ont plus de 60 ou 70 ou voire 80% du marché, donc ça marche très bien. Mais effectivement...
[Benjamin] mais la première marche est très très très haute.
[Aeris] C'est très dur et aujourd'hui, let's encrypt est un logiciel libre. Vous avez tout le code source que vous avez, vous pouvez le modifier, vous pouvez le déployer vous-même, etc. Mais comme vous n'êtes pas reconnus par les autorités certifiantes, vous ne pouvez rien en faire.
[Benjamin] Ok, et bien tout ça était très intéressant. Est-ce que pour conclure on pourrait faire deux choses ? Un, dire aux gens comment aider le logiciel libre.
[Aeris] Alors vous pouvez aider de plein de manières. La plus évidente, c'est de faire des contributions directement au niveau du code.
[Aeris] Mais ça, il faut être technicien ou connaître.
[Benjamin] faire des contributions au niveau du code, il ne faut pas forcément être technicien.
[Aeris] faut savoir coder. Mais après oui, il n'y a pas forcément besoin d'avoir un gros niveau.
[Benjamin] remonter des bugs, c'est déjà contribué.
[Aeris] J'allais venir avec ça derrière parce que du coup il y a le code pur et dur. Il y a tout ce qui va être justement annexe, ça va être remonter des bugs et des électriers, faire de la documentation, et du coup tout ce qui va être un peu annexe et en dehors du code, et pour le coup c'est des fois même plus important que le code en lui-même. C'est pas du tout considéré comme annexe mais...
[Aeris] en étant tout sauf annexe, ça aide vraiment beaucoup les logiciels à se lancer, avoir des jolis sites internet, à faire du design par exemple, si vous avez des compétences en design, des traductions, et il y a bien sûr les contributions financières aussi, si jamais vous n'avez pas le temps ou autre, n'hésitez pas à subventionner, à donner un peu d'argent aux logiciels que vous utilisez pour les aider à continuer à financer les développeurs et autres sur le sujet.
[Benjamin] Ok, est-ce qu'on donnerait quelques logiciels libres qui nous plaisent particulièrement et qu'on conseille ?
[Aeris] On peut en donner déjà Linux, on en a parlé qui est quand même la base aujourd'hui. Si vous voulez avoir un système libre, passez et essayez Linux. Vous pouvez même l'essayer dans des machines virtuelles ou autres sur vos machines. Ça marche plutôt bien. Vous avez Mozilla, que je pense que tout le monde connaît, Firefox, qui est un navigateur...
[Aeris] Un navigateur qui a commencé, qui a été vraiment le tout début du web depuis très longtemps et qui reste un...
[Aeris] Malheureusement, un des derniers résistants à Google, puisque tous les autres sont passés sous Chrome. Vous avez LibreOffice pour remplacer Microsoft Office qui fonctionne très bien aussi. Vous avez Gimp pour remplacer Photoshop. Et vous avez, on en avait parlé aussi avec Bookynette, Framasoft, vous avez des admires complets de logiciels libres.
[Aeris] Vous vous donnez un logiciel propriétaire et ça vous donne une alternative libre.
[Benjamin] Ok alors moi à titre personnel j'utilise Linux, j'utilise Ubuntu, version standard depuis des années, je sais même pas combien de temps, sur mon laptop. Et alors on va pas se mentir, changer de système c'est toujours douloureux, passer de l'un à l'autre c'est toujours douloureux. Mais une fois que c'est fait, bah en fait moi je trouve que Linux aujourd'hui, et Ubuntu en particulier, c'est très joli.
[Benjamin] c'est très pratique, c'est très bien fichu.
[Benjamin] et surtout parce qu'il y a plein de contributeurs et quand on est plusieurs...
[Benjamin] et ben on va plus loin.
[Aeris] Et surtout ça va vous durer bien plus longtemps que tous les OS privateurs aujourd'hui qui vous durent deux ans. Après il y a une mise à jour, votre machine est complètement sous l'eau. Et là ça marche sur des tout petites machines. Moi j'ai des PC qui ont plus de 20 ans et qui font encore tourner des versions très récentes de Linux. Je vous mets au défi de sortir un Windows bump d'il y a 5 ans. Je suis pas sûr que ça fasse tourner la même chose.
[Benjamin] Eh ben on va en rester là pour aujourd'hui. Aeris, merci pour tous ces éclairages.
[Aeris] Et puis bah bonne semaine à tous !
[Benjamin] Vous avez écouté RdGP
[Benjamin] Aujourd'hui on vous a parlé de logiciels libres, n'oubliez pas que vous pouvez interagir et nous envoyer vos commentaires, repartager cet épisode, liker sur le fait divers et en particulier sur Mastodon.
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[Benjamin] Merci à tous et à toutes de nous avoir écouté et à la prochaine !
[Aeris] À la semaine prochaine !