[Gaël] Bonjour, vous écoutez RdGP, le podcast sérieux qui vous emmène au cœur des enjeux des droits numériques, des libertés individuelles et de la vie privée.
[Gaël] Bienvenue dans cette nouvelle revue de l'actu numérique, aujourd'hui je suis accompagné de Benjamin. Bonjour Benjamin.
[Benjamin] Alors Gaël, de quoi allons-nous parler aujourd'hui ?
[Gaël] Et bah aujourd'hui on va faire une suite à l'épisode précédent.
[Gaël] On parlait des reconditionnements de PC avec Emmaüs, avec les Restos du coeur.
[Benjamin] je me souviens.
[Gaël] Tu te souviens ?
[Gaël] Et aujourd'hui c'est une news de Backmarket.
[Gaël] propose une offre de reconditionnement de PC et notamment de PC qui ne peuvent pas passer sur Windows 11
[Gaël] Et alors ils nous ont proposé un super OS.
[Gaël] C'est Ubuntu.
[Gaël] Pas du tout. Enfin...
[Gaël] Presque. Parce que...
[Benjamin] Alors c'est pas du tout, un peu presque, parce que alors sur le fond, on en parlait déjà la dernière fois, reconditionner des ordinateurs qui sont en fin de vie...
[Benjamin] globalement on est plutôt pour.
[Gaël] Oui, là le truc c'est qu'ils ont lancé une offre.
[Gaël] Et donc du coup ils se sont associés non pas à Microsoft mais à Google.
[Gaël] avec leur OS, donc Chromo S.
[Gaël] ils ont proposé cette OS directement sur les PC qui vendaient reconditionnés.
[Benjamin] BackMarket reconditionne des PC qui ne peuvent pas passer sous Windows 11 et du coup il les propose avec un OS sur lequel on peut les installer et cet OS c'est Chrome OS.
[Gaël] Exactement.
[Benjamin] C'est du Google quoi.
[Gaël] C'est du Google.
[Benjamin] Ça ressemble à de l'open source. C'est du Canada open source on pourrait dire.
[Benjamin] Alors les plus âgés d'entre nous auront la ref.
[Gaël] Alors, l'offre est partie tellement vite...
[Gaël] qu'en fait ils ont plus de PC et ils ont quand même mis à disposition des tutoriels.
[Gaël] pour installer Ubuntu sur son ordinateur.
[Benjamin] C'est pas mal, alors c'est parti tellement vite, j'imagine que c'est parce que c'était aussi attractif en termes de tarifs, non ?
[Gaël] Je pense que c'était hyper attractif en terme de tarif parce qu'il devait en rester tout un tas d'ordinateurs sur les bras.
[Gaël] Et donc du coup, il savait pas trop quoi en faire.
[Benjamin] Moi j'ai vu qu'il les vendait à 90 euros, donc effectivement 90 euros pour un ordinateur en parfait état de marche.
[Benjamin] c'est une bonne affaire.
[Gaël] Alors est-ce que c'est une bonne chose du coup de passer sur Chrome OS ?
[Benjamin] C'est nos questions rhétoriques ou tu me poses vraiment la question ?
[Gaël] Non, c'est vraiment ouvert.
[Benjamin] Moi à titre personnel, je trouve ça vraiment dommage parce que Ubuntu est à mon sens bien meilleur et puis je trouve ça aussi vraiment dommage d'aller quitter Microsoft
[Benjamin] la dernière lettre pour aller tomber dans le G de GAFAM à savoir Google. C'est un peu ballot si je me permets-tre.
[Gaël] Moi j'ai un peu bétigé parce que...
[Benjamin] Mais t'es souvent mitigé toi j'ai remarqué.
[Gaël] Oui mais tu sais que moi j'ai pas de guerre particulière avec les OS. Le point c'est que...
[Gaël] On va se retrouver avec des PC qui se font attaquer.
[Gaël] Et on a pas envie de ça du tout.
[Gaël] Bon, que ce soit du Windows, du Chrome OS ou alors du...
[Gaël] Linux très généralement.
[Benjamin] On a gagné au champ. Je veux dire que d'un point de vue collectif, parce que j'ai parlé de zombies, on peut peut-être expliquer en deux mots ce que c'est qu'un PC zombie.
[Benjamin] on a ça essentiellement avec Windows, faut le dire, des systèmes d'exploitation qui sont mal patchés, qui sont vieillissants, mais qui sont toujours en service et qui sont connectés à Internet, et bien il est relativement facile pour des hackers d'en prendre le contrôle pour relayer du spam.
[Benjamin] pour effectuer des actions, pour faire tout un tas de choses et il y a des réseaux d'ordinateurs zombies un peu partout dans le monde à l'insu de leurs propriétaires.
[Benjamin] Avoir un ordinateur dans un coin avec un vieux Windows 95 qui traîne, c'est jamais une bonne chose pour soi, mais surtout c'est pas une bonne chose pour la communauté, pour l'ensemble de la population.
[Benjamin] Donc effectivement...
[Benjamin] migrer ces ordinateurs là sur des systèmes d'exploitation plus récents, maintenus et sécurisés.
[Benjamin] même si c'est pas du Ubuntu que moi, à titre personnel, je préfère.
[Benjamin] c'est quand même mieux.
[Gaël] Exactement, c'est mieux. Maintenant...
[Gaël] franchement allons-y. Effectivement j'aurais préféré que ce soit sur du Linux, on en a déjà parlé beaucoup donc on va pas revenir dessus.
[Gaël] Sachant que dans le même temps...
[Gaël] J'ai eu la news là, y'a pas longtemps.
[Gaël] mais il y a des associations de défense des consommateurs, donc UFC que choisir et autres.
[Benjamin] sur Windows 10.
[Benjamin] Windows 10 qui peut encore s'installer sur des vieilles machines sans TPU.
[Benjamin] enfin sans la puce de contrôle qui est indispensable à Windows 11.
[Gaël] Bon, c'est bien parce qu'en fait je crois qu'ils ont une offre de long terme support sur Windows 10 Microsoft mais qui est payante.
[Gaël] Donc en fait, il voudrait profiter de cette offre, mais de manière gratuite.
[Gaël] Ça paraît être un combat difficile à mener contre Microsoft, mais bon, autant chercher toutes les pistes.
[Gaël] Maintenant, si vous avez le choix...
[Gaël] Franchement, migrez sur Linux maintenant, vous pouvez quasiment tout faire dessus.
[Benjamin] Oui, et moi ce que j'ai envie de dire, c'est que si vous avez le choix, ben déjà c'est super. Avoir le choix, c'est le début de la liberté.
[Gaël] Hmm.
[Benjamin] Moi j'aurais pas naturellement proposé du Chromo S, j'aurais plutôt proposé du Ubuntu, mais peut-être que s'ils avaient proposé systématiquement du Ubuntu sans laisser le choix aux clients, eh ben ils en auraient vendu trois et puis ils ne les auraient pas tous vendus. Donc après, il faut pas obliger les gens à utiliser un système qu'ils ne leur plaisent pas, parce que de toute façon, eh ben...
[Benjamin] ça ne fonctionnera pas.
[Benjamin] Si en plus ils expliquent comment migrer sous Ubuntu et c'est vraiment très simple.
[Benjamin] il sera toujours temps de le faire à postériorité.
[Benjamin] C'est quand même une bonne nouvelle.
[Gaël] Oui alors c'est une bonne nouvelle maintenant le fait que ce soit encore une entreprise qui puisse...
[Gaël] prendre toutes ces décisions, pourquoi est-ce qu'ils ont poussé du Chrome OS, de Google...
[Gaël] Je sais pas exactement pourquoi ils ont fait ça, pourquoi ils ont pas poussé du Ubuntu directement.
[Gaël] Parce qu'en fait t'as 90€
[Benjamin] Bah probablement parce que sinon ils en auraient moins vendu.
[Gaël] Le résultat est...
[Benjamin] ça ressemble à une décision marketing et commerciale et on ne peut pas les blâmer pour ça. C'est une entreprise privée, ils vendent bien ce qu'ils ont envie de vendre.
[Gaël] En soit ils auraient pu vendre du Wuntu et les gens auraient installé l'OS derrière qui vole.
[Benjamin] Ben pas forcément, on n'en sait rien. En tout cas, a priori on a moins étudié la question qu'eux.
[Gaël] Je suis entièrement d'accord.
[Benjamin] Et bien nous sommes d'accord. Deuxième sujet ?
[Gaël] Deuxième sujet.
[Benjamin] Deuxième sujet.
[Benjamin] On a fini les... ah oui on ne fait plus les jingles, on nous a dit qu'on était trop nuls en jingle, donc...
[Benjamin] Donc ne faisons plus les jingles. D'ailleurs n'oubliez pas que vous pouvez intervenir à tout moment dans ce podcast en mettant vos commentaires sur le fait divers. On essaiera d'y répondre avant la fin.
[Benjamin] Euh... Qu'est-ce que c'est que Slack ?
[Benjamin] À quoi ça sert ?
[Gaël] Slack, c'est un logiciel de messagerie instantanée.
[Gaël] Il y en a vraiment beaucoup donc Teams chez Microsoft.
[Benjamin] Alors moi je connais Rocket Chat et Mattermost.
[Gaël] Bon, il y a aussi dans la communauté des joueurs de jeux vidéo, Discord qui est hyper connu.
[Benjamin] Ah oui, Discord tout à fait.
[Benjamin] que je n'aime pas du tout mais c'est un autre débat. Et donc qu'est-ce qui se passe avec Slack ? Alors Slack, leur business model, il n'est pas du tout original.
[Benjamin] puisque le principe c'est que la première dose est gratuite.
[Benjamin] que ce soit dans un contexte personnel ou professionnel
[Benjamin] et puis quand on commence à vouloir l'utiliser un peu plus, quand on a besoin de fonctionnalités supplémentaires, quand on a plus de personnes dans son équipe, et bien il faut sortir la carte et passer à la caisse.
[Gaël] Et donc du coup...
[Benjamin] ce qu'on appelle la technique du dealer de craques.
[Gaël] du dealer de slack.
[Gaël] Et donc du coup, Slack ont décidé d'augmenter la facture du hack club, c'est un réseau de...
[Gaël] pour des codeurs en fait de lycéens, ils ont augmenté leur facture de 195 000 dollars par an.
[Benjamin] Attends, un réseau de lycéens, mais il y a combien de lycéens dedans ?
[Gaël] Aucune idée ! 80 000 !
[Benjamin] Eh ben il y en a 80 000, 80 000, moi je le sais, ouais, je posais la question mais c'est moi qui avais la réponse. Donc en fait il y a à peu près un millier de clubs qui rassemblent 80 000 lycéens codeurs.
[Benjamin] et donc leur facture passe de 5 000 $ à 200 000 $.
[Benjamin] On peut discuter des pratiques commerciales après.
[Benjamin] on vit dans un monde libre si quelqu'un a envie d'augmenter ses tarifs.
[Benjamin] Bon ben pourquoi pas, moi je trouve ça pas très sympa.
[Gaël] Je trouve ça relativement immoral moi en fait.
[Benjamin] Oui oui, je parlais pas de moralité, je parlais de l'égalité.
[Gaël] Oh bah tant que c'est légal effectivement mais...
[Gaël] On pourrait parler de la morale et de l'égalité longtemps. Il faut voir aussi que Slack...
[Gaël] dans les communautés de développeurs.
[Gaël] C'est hyper répandu. Y'a vraiment beaucoup beaucoup d'entreprises ou même de fri...
[Gaël] c'est pas un mauvais choix que de partir sur Slack. Ils ont tout un tas d'automatisation...
[Gaël] avec le Git, avec des outils de développement.
[Gaël] Et donc du coup souvent c'est un peu le choix, comme moi je fais partie de plusieurs...
[Gaël] Je suis parti de plusieurs communautés.
[Benjamin] C'était le chat.
[Gaël] Oui, c'est le chat encore.
[Gaël] Et en fait on me demande souvent de rejoindre Slack.
[Benjamin] Alors moi je vais te dire...
[Benjamin] Je préfère vous avouer la vérité, je déteste Slack, je l'ai beaucoup utilisé.
[Benjamin] j'ai commencé à l'utiliser quand c'est à commencer à devenir à la mode même un peu avant
[Benjamin] La première chose qui m'a énormément choqué dans Slack c'est qu'on balance tout un tas d'informations qui en général sont quand même...
[Benjamin] ultra confidentiel.
[Benjamin] sur des serveurs qu'on ne maîtrise absolument pas. C'est à dire qu'on balance toutes ces données à un tiers et on lui fait confiance.
[Benjamin] et on en est plus maître.
[Benjamin] Bon, tu commences à me connaître, moi je suis un fervent défenseur des logiciels libres.
[Benjamin] libre et open source mais avant tout libre et pourquoi ? pas parce que c'est gratuit et en l'occurrence d'ailleurs Slack était gratuit au début et pour moi c'était pas un avantage suffisamment important
[Benjamin] Mais parce que t'es pas libre de récupérer toutes tes données et de partir avec et de les héberger chez toi et tu dois faire confiance à un tiers.
[Benjamin] Et là en l'occurrence, eh ben...
[Benjamin] Le problème, j'ai envie de dire, dans le cadre du hack club des 80 000 lycéens, c'est même pas que la facture est passée de 5000 à 200 000, c'est que Slack menace si...
[Benjamin] ne payent pas de supprimer les 11 ans d'historique de messages. Donc en fait, toute la valeur que ces lycéens ont créé, c'est leur donnée, c'est eux qui ont créé cette valeur.
[Benjamin] et bien aujourd'hui ils en sont totalement dépossédés. Et ça pour le coup, je trouve ça absolument scandaleux. Et...
[Benjamin] On parle beaucoup de souveraineté numérique, d'autonomie stratégique.
[Benjamin] il me semble que plus que jamais c'est un sujet d'actualité, et c'est même un sujet qui va bien au-delà de l'actualité, et qu'on doit systématiquement se poser ces questions quand on crée de la valeur.
[Benjamin] où est-ce qu'elle est et qui a la clé de ce qu'on a créé.
[Gaël] Bon, de tout ça...
[Gaël] ils ont décidé de migrer leur...
[Gaël] de Slack vers Mattermost.
[Benjamin] Donc Matormos qui est une solution open source.
[Benjamin] Libre. Totalement.
[Benjamin] Presque. Un peu. Moyen.
[Gaël] Donc le code est en Apache 2, alors pour les plus connaisseurs de licences et autres, vous verrez que c'est une licence libre.
[Gaël] C'est de l'open core.
[Gaël] Ils font payer si tu veux être hébergé chez eux, ils font payer pour certaines features.
[Gaël] mais également en fait sur leur site, ils font le packaging.
[Gaël] Donc tu peux récupérer directement un paquet, un point d'aide ou...
[Gaël] R.P.M. etc, l'installer sur ton serveur.
[Gaël] Ce packaging inclut une limite d'utilisateurs.
[Benjamin] Ah oui donc on n'est pas du tout... si on reprend la définition des logiciels libres, les quatre règles, on n'est pas du tout dans les clous là, puisqu'on n'est pas libre d'utiliser le logiciel comme on veut.
[Gaël] Ça c'est le packaging qu'ils mettent à disposition sur leur site.
[Benjamin] D'accord ?
[Benjamin] Donc ce packaging n'est pas libre.
[Gaël] Exactement. Tu es entièrement libre d'aller sur l'Orchitube.
[Benjamin] et de recompiler toi-même.
[Gaël] de chercher dans le code.
[Gaël] Où est la limite ?
[Benjamin] Ouais, c'est quand même un petit peu tordu.
[Gaël] honnêtement aujourd'hui avec des IA, je pense que ça prend moins de 15 minutes à quelqu'un qui s'y connaît bien, mais il faut quand même aller chercher dans le code.
[Benjamin] Ouais, la méthode est quand même un petit peu perverse.
[Gaël] Exactement. Et ensuite, donc du coup, recompiler, repackager pour pouvoir déployer et sachant qu'à chaque fois...
[Gaël] que tu voudras mettre à jour ton logiciel avec tes nouvelles versions.
[Gaël] bah il va falloir que tu refasses ce changement donc euh...
[Benjamin] que tu repompiles, etc. Alors la raison pour laquelle il travaille comme ça, on l'imagine très bien, c'est parce que...
[Benjamin] Les logiciels ont beau être libres, ont beau être open source, derrière ils sont développés par des gens qui...
[Benjamin] doivent payer leur loyer et se nourrir avec du vrai argent et donc il faut bien les financer et le moyen qu'ils ont trouvé de financer tout ça c'est d'imposer des limites et de demander aux gens de payer en se disant bah ceux qui ont beaucoup d'utilisateurs forcément ils ont de l'argent et donc eux ils pourront bien payer.
[Gaël] C'est toujours la complexité de comment est-ce qu'on se rémunère dans l'open source.
[Gaël] puisque par défaut l'open source...
[Benjamin] forcément gratuit, mais c'est sûr qu'à partir du moment où on file un logiciel avec le code source et que comme il est libre on a le droit de le redistribuer
[Benjamin] ça va être facile de vendre le premier, ça va être plus compliqué de vendre les suivants.
[Benjamin] Bon, le modèle qu'ils ont choisi, moi j'y adhère pas trop, c'est pas comme ça que j'ai envie de faire du logiciel libre. Il y a plein d'autres manières de le faire, ça peut être des solutions SaaS, ça peut être en vendant des prestations à façon, ça peut être en vendant du support.
[Benjamin] le coût d'avoir une version Enterprise où un core qui lui est libre mais avec les fonctionnalités supplémentaires qui ne le sont pas.
[Benjamin] c'est un peu revenir dans la métaphore du dealer de craques, c'est-à-dire, ah bah, la première dose est gratuite, mais derrière...
[Benjamin] Si vraiment tu veux t'en servir, il va falloir passer à la caisse.
[Benjamin] Moi je trouve ça un petit peu dommage.
[Benjamin] Je trouve ça un petit peu dommage.
[Gaël] C'est des features...
[Gaël] basique de l'entreprise, typiquement la connexion SSO.
[Benjamin] Oui et puis...
[Benjamin] on l'a vu plein de fois sur des logiciels qui avaient une version
[Benjamin] totalement libre.
[Benjamin] à laquelle il manque une fonctionnalité, et puis un des développeurs de la communauté vient la développer sous licence libre alors que cette même fonctionnalité existe dans la version Enterprise Payant et l'éditeur refuse de publier le plugin.
[Benjamin] C'est un peu contraire à l'esprit du logiciel libre et moi je trouve ça pas très honnête mais comme quoi il y a des gens honnêtes et malhonnêtes partout.
[Gaël] Alors ça c'est vraiment pour ça que les gens... Enfin c'est une des raisons en général pour lesquelles on fait des forks.
[Gaël] Parce que...
[Benjamin] Alors oui, tout à fait.
[Gaël] L'entreprise qui a le logiciel, elle a tout le pouvoir dessus, elle a toute la gouvernance.
[Gaël] Et donc du coup quand on...
[Benjamin] Elle a la marque.
[Gaël] la marque, il refuse de laisser passer du code dans la version libre.
[Gaël] Et donc du coup là bah on a deux choix, soit on laisse tomber parce que de toute façon c'est eux qui ont tout et on fait rien de ça.
[Gaël] Ou alors on forque, c'est à dire qu'en fait on fait une copie.
[Gaël] du code source.
[Gaël] et on le duplique. Et ensuite, au lieu d'aller pousser notre code sur la première version qui est détenue par l'entreprise, on vient pousser le code sur notre version à nous.
[Gaël] Faire un fort que ça prend du temps, ça...
[Benjamin] Non, ça coûte de l'argent tout simplement. Ça coûte de l'argent. Et on se doute bien que si l'entreprise initiale qui édite le logiciel...
[Benjamin] et bien elle a une politique commerciale.
[Benjamin] peut-être douteuse en tout cas qui nous plaît pas mais c'est qu'elle a des besoins pour maintenir ce code se dire que nous tout seul dans notre garage on va y arriver
[Benjamin] un petit peu audacieux et en tout cas c'est sûrement naïf.
[Gaël] Puis... Bon, là je prends... On prend l'exemple de Mattermost parce que...
[Gaël] Moi de mon côté, je vois les premiers signes de fermeture d'une communauté, en tout cas d'une refermeture des licences.
[Gaël] Voilà on commence à mettre des limites d'utilisateurs, on fait des packagings par entièrement open source.
[Gaël] Qu'est-ce qui garantit aujourd'hui que...
[Gaël] Mattermost, une fois qu'ils auront...
[Gaël] récupérer assez d'utilisateurs d'autres logiciels.
[Gaël] ils vont pas refermer la clé, gardez une version gratuite.
[Gaël] mais en fait pour des 5 utilisateurs maximum et après il faudra payer.
[Benjamin] Mais là tu supputes pour l'instant, on n'en sait rien. On veut pas alors faire de procès d'intention.
[Gaël] Non, c'est juste les premiers signes.
[Benjamin] il y a le coût que ça a coûté pour développer, puis il y a aussi...
[Benjamin] des coups tout bêtes, par exemple, ces solutions de messagerie instantanée.
[Benjamin] il y a des serveurs pour gérer les notifications. Et donc, il y a des serveurs qui doivent tourner, même si je l'installe sur mon serveur à moi, que mon serveur doit envoyer des notifications à un serveur de notification. Celui-là, c'est celui de l'éditeur, à moins que je me l'installe aussi. Dans le cadre de Rocket Chat, c'est possible, mais c'est compliqué.
[Benjamin] Et donc c'est pas forcément idiot de demander à des gens qui sont consommateurs et qui vont donc coûter de l'argent.
[Benjamin] de contribuer à l'écosystème.
[Gaël] On pourra vraiment reparler de ces sujets de licence, de communauté.
[Gaël] Moi ce qui me vient toujours en tête c'est l'exemple de Elastic, avec Elasticsearch et toutes les galaxies de produits autour.
[Gaël] où il y a eu plein de changements de licence, c'est devenu très compliqué pour tout le monde de bien suivre.
[Gaël] Mais en fait...
[Gaël] dans l'open source le problème en général c'est la licence et l'autre problème c'est comment est-ce qu'on gagne de l'argent avec ce
[Gaël] avec ce logiciel, quand on est une entreprise et quand on ne fait pas ça purement.
[Gaël] Purement bénévolement.
[Benjamin] Oui, et il ne faut pas croire que les logiciels libres et open source...
[Benjamin] dépendent forcément de bénévoles, bien au contraire. Et moi je ne puis que féliciter les entreprises qui prennent des risques, qui investissent pour payer des salaires de gens qui vont développer des logiciels qui sont open source.
[Benjamin] Alors moi je préfère quand c'est du vrai logiciel libre et quand c'est pas de l'open-core, néanmoins il faut pas être ingrat et sachant que derrière c'est l'humanité tout entière qui en profite, je n'ai pas peur de le dire.
[Benjamin] Et si on passait au troisième sujet ?
[Gaël] Troisième sujet avec...
[Gaël] Un rapport du Sénat.
[Gaël] Rapport d'information.
[Benjamin] C'est une excellente nouvelle, est-ce que ça veut dire que le Sénat a découvert Internet ?
[Gaël] Exactement.
[Benjamin] Le Sénat Découvert Internet, super !
[Gaël] Alors, rapport d'informations sur le thème, faciliter l'accès aux services publics, restaurer le lien de confiance entre les administrations et les...
[Gaël] Rapporteuse.
[Benjamin] et donc c'est un rapport sur l'exclusion numérique.
[Benjamin] entre autres. Moi c'est ce que j'ai retenu.
[Gaël] On peut effectivement parler de ça.
[Gaël] de quoi ça parle. Donc on parlait déjà de l'exclusion numérique la semaine dernière.
[Benjamin] Ah oui c'est vrai, la semaine dernière il me semble bien que j'avais parlé d'un hypothétique voisin choré, une télévision à mettre aux encombrants.
[Benjamin] et ben elle est devant ma porte cette télé. Voilà.
[Gaël] Exactement, donc le sénat fait le même constat donc là il parle de
[Benjamin] ils savent pour la télé de mon voisin.
[Gaël] Ils savent pour la télé de ton voisin.
[Benjamin] Oh là là, la vie est bien faite.
[Gaël] ils ont fait la note d'information pour ton voisin en fait.
[Gaël] Et donc on prend à nouveau les exemples un peu plus qu'on a déjà cité, les impôts...
[Benjamin] Les démarches administratives en général.
[Gaël] Exactement.
[Gaël] tout le monde doit être égal dans l'utilisation des services publics.
[Gaël] Donc le fait...
[Gaël] du service public.
[Gaël] En fait c'est un problème même...
[Gaël] légal premièrement.
[Gaël] Et de ça, en fait, dans le rapport, il y a ce constat que...
[Gaël] de plus en plus de services.
[Gaël] On commence par designer...
[Gaël] quelque chose qui sera accessible en ligne.
[Gaël] autrement.
[Gaël] Donc ça veut dire qu'il y a vraiment, au moment où si tu n'as pas accès à internet, tu n'as pas accès aux services publics.
[Benjamin] Donc la démarche numérisée est devenue la norme.
[Gaël] C'est devenu la norme.
[Benjamin] J'ai vu quelque part aussi que 82% des démarches administratives sont...
[Benjamin] réalisées en ligne en 2024 donc 82% effectivement c'est
[Benjamin] devenu là on peut dire que c'est la norme
[Gaël] Donc dans le 92, moi j'habite dans le 92, on a le département qui a subi une cyberattaque.
[Gaël] Et en fait ça pose des problèmes, puisqu'il y a plein de services.
[Gaël] ne sont plus accessibles.
[Gaël] et notamment
[Gaël] les services de la MDPH.
[Gaël] même des PH, je sais plus exactement ce que ça veut dire, mais en tout cas c'est pour gérer des services pour les personnes en situation de handicap.
[Gaël] Et du coup, leur site web qui était...
[Benjamin] Maisons départementales pour les personnes handicapées.
[Gaël] Merci beaucoup.
[Gaël] Et donc du coup, c'est plus accessible maintenant en ligne, donc il faut envoyer son dossier papier.
[Gaël] mais vu que je pense que tout était informatisé.
[Gaël] et bah en fait la gestion qui avant était faite sur le service en ligne.
[Gaël] Elle se retrouve en gestion papier.
[Gaël] Et tout ça, ça prend beaucoup de temps, aujourd'hui, puisque tout...
[Gaël] numérique en premier.
[Gaël] et bah dès que le numérique a un problème...
[Gaël] En fait on se rend compte que c'est le service public...
[Gaël] mais pour tout le monde même les personnes qui se retrouvent pas en exclusion numérique
[Benjamin] Oui, alors il me semble que le rapport du Sénat...
[Benjamin] parce que ce n'était pas juste un constat.
[Benjamin] 20 recommandations sur 4 axes.
[Benjamin] on va pas du tout les lister et les lire, parce que, un, on a pas le moment, et puis parce que...
[Benjamin] Alors moi à titre personnel je suis pas convaincu, je suis très très heureux que le Sénat fasse ce constat là.
[Benjamin] Après, il me semble qu'ils auraient pu être un peu plus audacieux dans les recommandations.
[Benjamin] bon. Ils ont déjà fait le constat, c'est déjà pas mal.
[Gaël] Je pense que c'est déjà bien et puis...
[Gaël] le sénat est rarement très audacieux.
[Benjamin] C'est vrai qu'on imagine mal des sénateurs audacieux.
[Benjamin] c'est pas l'adjectif premier qui vient à l'esprit quand on pense à...
[Gaël] Est-ce que tu veux quand même donner les axes de ces 20 recommandations ?
[Benjamin] Ben oui si tu me le demandes, j'avais pas prévu de le faire mais on va aller lister les axes et améliorer l'accueil et l'accompagnement.
[Benjamin] Ouais d'accord, renforcer l'accès dans les territoires, bah oui super.
[Benjamin] sur les sites frauduleux.
[Benjamin] Et pas seulement de la population et des usagers, mais aussi des gens qui construisent les sites qui sont pas frauduleux.
[Gaël] Bon voilà ça me paraît compliqué parce qu'aujourd'hui il y a la charte graphique de l'état.
[Gaël] tous les sites suivent cet genre d'application.
[Benjamin] Oui mais par exemple tous les sites de l'Etat devraient être en .gouv.fr
[Benjamin] Et aujourd'hui on a tellement de sites !
[Benjamin] J'ose le dire.
[Benjamin] avec des noms de domaines à la con.
[Benjamin] et qui ne sont pas en .goof.fr, que faire la différence entre un vrai site et un faux site...
[Benjamin] et ben c'est impossible quoi, à moins de faire un whiz dans la base de vérifier les coordonnées si elles sont pas anonymisées et souvent elles le sont.
[Benjamin] c'est très compliqué.
[Benjamin] Même sans aller jusque là, tu prends tous les services de la poste.
[Benjamin] La poste qui est quand même...
[Benjamin] Il me semble le service public le plus utilisé par nos concitoyennes et nos concitoyens.
[Benjamin] Aujourd'hui quand tu reçois un mail de la poste,
[Benjamin] systématiquement il a envoyé d'un nom de domaine complètement débile qui a été créé pour l'occasion et du coup si tu reçois un spam
[Benjamin] ou une arnaque
[Benjamin] de la poste, et ben c'est quasiment impossible de savoir que c'est une arnaque et de le distinguer des vrais emails envoyés par la poste. Et donc là-dessus, je leur tire mon chapeau.
[Benjamin] être aussi médiocre que ça, c'était quasiment impossible, et ben ils l'ont fait.
[Benjamin] ça n'a aucun sens, ça n'a aucun sens. Et donc protégez contre les sites frauduleux. Oui, j'applaudis des deux mains.
[Gaël] ça paraît très compliqué à mettre en place puisque copier une charte...
[Benjamin] me paraît pas si compliqué que ça, et bien si quelqu'un... je suis prêt à donner de mon temps libre pour aider s'il faut le faire...
[Benjamin] Mais déjà arrêtez d'utiliser des noms de domaines à la con, ça changera.
[Benjamin] énormément les choses.
[Benjamin] Et puis enfin, dernier axe, mettre la technologie au service des usagers.
[Benjamin] Bon, je pense que quand on a dit ça, on a absolument rien dit. Mais...
[Gaël] Ouais parce qu'il y a toute une partie du rapport qui est sur l'intelligence artificielle, etc.
[Gaël] Je suis d'accord que c'est un acte qui veut absolument rien dire. Là pour le coup c'est très très mou.
[Benjamin] C'est quand même très mou, mais bon, dans l'ensemble, moi je félicite le Sénat pour ce rapport parce qu'il existe et c'est déjà très bien.
[Benjamin] On en reste là pour aujourd'hui ?
[Gaël] On en reste là pour aujourd'hui.
[Benjamin] Et bien merci à toutes et à tous de nous avoir écouté. Vous avez écouté RdGP, le podcast sérieux qui vous emmène au cœur des enjeux des droits numériques, des libertés individuelles et de la vie privée.
[Benjamin] podcast est hébergé par Castopod, plateforme d'hébergement libre.
[Benjamin] Vous pouvez interagir avec nous directement sur le fait divers et en particulier sur Mastodon.
[Benjamin] Merci encore et à la semaine prochaine !